La Chine ayant affirmé son objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, elle devra réaménager son système de production et de distribution d’électricité. La Société chinoise de génie électrique (CSEE) vient de présenter la feuille de route la plus aboutie pour répondre aux objectifs chinois.
En Chine, 60% d’énergie renouvelable d’ici à 2060
L’électricité représentant environ 40% des émissions de carbone chinoises, une reconfiguration fondamentale du système électrique chinois sera nécessaire. En effet, la Chine ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici à 2060. Ce, dans le cadre de sa feuille de route pour décarboniser le secteur de l’électricité. Et accueillir un mélange de combustibles qui remplace en grande partie les combustibles fossiles par des sources d’énergie plus propres.
La Société chinoise de génie électrique (CSEE) a publié une feuille de route – l’une des plus abouties. Dans le but d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060 et les pics d’émissions d’ici à 2030. Le groupe a déclaré que d’ici à 2060, près de 60% des combustibles de production d’électricité en Chine seront issus de « nouvelles sources d’énergie », contre 10,5% en 2020. Cela comprend, entre autres, le solaire, l’éolien, la biomasse, à l’exception de l’hydroélectricité. En 2060, de nouvelles capacités énergétiques, d’environ 5,2 milliards de kW seront ainsi installées.
La part du charbon dans la production d’électricité passera d’environ 60,8 % actuellement à 7 % d’ici à 2060, le gaz naturel passera de 7,1 % à 3 %. Quant à l’hydroélectricité, sa part passera de 17,9 % à 13 % et finalement le nucléaire, de 4,8 % à 16 %. Ces chiffres sont cependant à contrebalancer avec une demande d’électricité qui continuera d’augmenter.
Transition énergétique en trois phases
Le CSEE estime que la transition du système électrique chinois comportera trois phases : la phase de pointe du carbone (2021-2030), la phase de décarbonation profonde (2031-2050) et la phase zéro carbone (2051-2060).
Shu Yinbiao, président du CSEE, a assuré que le futur réseau électrique de la Chine serait confronté à plusieurs défis. Une décentralisation intense. Une volatilité due à des connexions avec des charges diversifiées provenant de centres de demande tels que les véhicules électriques et les installations de stockage d’énergie. Et de nombreux microréseaux.
Plusieurs éléments pourraient faire défaut à l’utilisation des énergies renouvelables en Chine. D’une part, l’insuffisance de la capacité du réseau à répondre aux hausses de la demande d’électricité. Et d’autre part, les difficultés de transport d’électricité sur de longue distance.
De plus, les ressources solaires et éoliennes de la Chine sont inégalement réparties. La demande étant concentrée dans les régions côtières, orientales et sud-est très peuplées, tandis que la production est concentrée dans les provinces du nord et du nord-ouest.
Finalement, l’utilisation du transport longue distance pour surmonter cette répartition inégale a un impact négatif sur les taux d’utilisation des capacités renouvelables. En raison du manque d’adaptation des technologies actuelles aux particularités des énergies renouvelables.
Numériser le système énergétique
Selon le CSEE, la numérisation est la clé du système d’alimentation de prochaine génération. Puisqu’elle le rend flexible, sécurisé et contrôlable, et que la distribution d’énergie traditionnelle peut se moderniser. Désormais, de nombreux outils existent, tel que la 5G, le big data et le cloud computing.
Point important soulevé par le groupe de réflexion : le rôle capital du gaz naturel. Il s’agit d’une solution intermédiaire, lorsque la demande d’électricité est élevée, mais que les approvisionnements en énergies renouvelables sont faibles. Alors, le gaz naturel, en tant que combustible fossile le plus propre, peut fournir un approvisionnement stable, à faible impact environnemental. La demande de gaz naturel devrait ainsi augmenter régulièrement jusqu’en 2040.
Le CCUS pour éliminer le carbone des combustibles fossiles
Pour le CSEE, la Chine devra compter sur les technologies de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS). Notamment, pour éliminer les émissions de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles.
Mais les coûts élevés de cette technologie pourraient mettre en difficulté la rentabilité du système. Cela rendant la mise en œuvre à grande échelle du CCUS peu pratique dans la Chine actuelle.
En revanche, l’industrie pétrolière et gazière peut faciliter le développement du CCUS. Et utiliser le CO2 capté pour stimuler la production de brut et fabriquer des produits chimiques.
Également, l’industrie pétrolière et gazière pourrait aider à développer d’autres technologies. Réduction du méthane, suivi des fuites de méthane, afin de favoriser la dépendance future au gaz naturel.
D’ici à 2050, le CSEE estime que la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique tombera à 20 %. Mais pour l’instant, la première phase, de 2021 à 2030, répondra toujours à la demande d’électricité avec 51% de combustibles fossiles.