En Chine, les principales entreprises énergétiques sont en pourparlers avancés avec des exportateurs américains pour s’assurer des approvisionnements en gaz naturel liquéfié (GNL). Ces négociations interviennent alors que la flambée des prix et la pénurie d’énergie renforcent les préoccupations.
La Chine espère un retour des échanges gaziers avec les États-Unis
Les pourparlers commencés début 2021 pourraient déboucher sur des accords d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Les discussions se sont accélérées dans le contexte de grandes pénuries de combustible. Les prix du gaz naturel en Asie ont plus que quintuplés cette année, faisant craindre des pénuries d’électricité en hiver.
Les entreprises en Chine ont été confrontées à un déficit d’approvisionnement et à une flambée des prix. Les discussions ont vraiment repris depuis le mois d’aout 2021, lorsque les prix spot ont atteint 15$/mmbtu selon une source industrielle chinoise proche du dossier. Une autre source basée à Pékin a déclaré que certains acheteurs regrettaient de ne pas avoir signé suffisamment de contrats d’approvisionnement à long terme.
Un 1er accord signé depuis 2018
Les entreprises d’État Sinopec Corp et China National Offshore Oil Company (CNOOC) sont en discussion avec des exportateurs américains, principalement Cheniere Energy (LNG.A) et Venture Global. En ce sens, la société ENN Natural Gas Co, a annoncé lundi 11 octobre 2021 un accord de 13 ans avec Cheniere. Il s’agit du premier accord majeur entre les États-Unis et la Chine en matière de GNL depuis 2018.
Les nouveaux achats cimenteront également la position de la Chine en tant que premier acheteur de GNL au monde.
« En tant qu’entreprises publiques, les sociétés sont toutes sous pression pour maintenir la sécurité de l’approvisionnement. La récente tendance des prix a profondément changé l’image des approvisionnements à long terme dans l’esprit des dirigeants », a déclaré le premier négociant basé à Pékin.
L’attractivité du gaz américain
Les entreprises chinoises et américaines ont refusé tout commentaire concernant les négociations en cours. Les cargaisons américaines étaient autrefois chères par rapport aux approvisionnements liés au pétrole en provenance du Qatar et de l’Australie. Mais elles sont désormais à des prix attractifs.
« Nous nous attendons à ce que d’autres accords soient signés avant la fin de l’année. C’est principalement dû à la crise énergétique mondiale et aux prix que nous voyons actuellement. L’offre américaine est désormais attrayante pour la Chine », a déclaré une troisième source pékinoise informée des négociations.
Les prix du gaz au comptant en Asie ont atteint un niveau quasi record de plus de 30$ dollars par mmBtu. Les contrats de GNL à long terme liés aux prix du pétrole s’élèvent à environ 10-11$ par mmBtu. Les deux calculs varient en fonction des coûts de liquéfaction, des primes et des prix à terme du pétrole et du gaz.
Couvrir la demande de l’hiver à venir
Les acheteurs chinois recherchent des expéditions à court terme pour couvrir la demande de cet hiver et des importations à long terme. Le gaz est considéré par Pékin comme un combustible de transition essentiel avant d’atteindre son objectif de neutralité carbone en 2060.
Il est difficile d’estimer le volume total des transactions en cours de discussion. Cependant, Sinopec pourrait à elle seule viser 4 millions de tonnes par an. La société est plus exposée au marché au comptant que ses rivaux nationaux Petro China et CNOOC. Selon les traders, l’entreprise est en pourparlers avec au moins 4 entreprises pour acheter 1 million de tonnes par an pendant 10 ans.
La demande chinoise boost le développement des producteurs américains
Jason Feer, responsable l’intelligence économique chez Poten&Partners, a déclaré que la Chine est exposée aux prix du Brent pour le GNL. L’offre américaine permet d’apporter une certaine diversité aux prix, soulageant le marché chinois.
Les retards dans les projets chinois d’exportation de GNL au Canada, et au Mozambique, ont rendu les approvisionnements américains intéressants. Les exportateurs de GNL nord-américains ont augmenté leur capacité en raison de la demande des principales économies asiatiques.
Cheniere, le plus grand exportateur hors des États-Unis, a déclaré fin septembre 2021 qu’il prévoyait ainsi d’annoncer « un certain nombre d’autres transactions ». Ces nouvelles transactions l’aideront à poursuivre l’extension de sa raffinerie de GNL à Corpus Christi au Texas.
Venture Global est en train de développer une capacité de production de GNL de plus de 50 millions de tonnes par an en Louisiane. Cette nouvelle capacité de production devrait coûter environ 4,5 milliards de dollars et commencer à produire du GNL fin de 2021.
Remise en cause des relations sino-américaines?
Cependant, certains acheteurs sont restés prudents. La nouvelle de ces négociations ne remet pas en cause les rivalités entre la Chine et les États-Unis. Selon un importateur chinois distinct :
» Personne ne sait avec certitude combien de temps cette pénurie d’approvisionnement va durer. Pour les entreprises qui n’ont pas de demande dans l’année ou les deux années à venir, il vaut mieux attendre »
Cette crise énergétique met en évidence l’interdépendance entre les deux superpuissances. La vente de GNL par les États-Unis est nécessaire pour que la Chine puisse maintenir un rythme de production suffisant. La baisse de la production manufacturière et industrielle à cause d’une pénurie énergétique, pourrait affecter l’économie mondiale et américaine.