La Chine a validé 11,29 gigawatts (GW) de nouvelles capacités de production à charbon au premier trimestre 2025, selon une étude publiée par Greenpeace East Asia le 5 juin. Cette décision intervient après une baisse annuelle inédite des nouvelles autorisations en 2024, à 62,24 GW, soit une diminution de 41,5 % par rapport à 2023.
Le ralentissement de 2024, une rupture dans la dynamique entamée en 2021
Depuis 2021, la Chine avait accru le rythme des validations de projets charbonniers, atteignant 289 GW de capacités nouvelles sur cette période, soit le double des 145 GW approuvés entre 2015 et 2020. L’année 2024 a cependant marqué un tournant, en affichant une baisse nette des nouveaux projets pour la première fois depuis quatre ans. Cette contraction a été particulièrement visible dans les provinces de l’Est, historiquement moteurs des nouvelles installations thermiques.
L’analyse de Greenpeace East Asia repose sur l’examen de documents officiels tels que les approbations de projets, les études d’impact environnemental et les revues techniques, couvrant la période 2015 à début 2025. L’organisation a mis en évidence une nouvelle géographie des projets autorisés, avec un glissement vers les provinces occidentales, riches en ressources renouvelables.
Les provinces de l’Ouest prennent le relais
Au premier trimestre 2025, les principales provinces approuvant de nouvelles centrales sont la Mongolie intérieure (10,64 GW), le Gansu (10,02 GW), le Xinjiang (5,28 GW), le Heilongjiang (4,66 GW) et le Jilin (4,66 GW). Ces projets se concentrent majoritairement sur des unités de grande taille, de 600 mégawatts (MW) et plus, représentant 88,9 % des capacités approuvées au T1 2025.
Parallèlement, les données officielles indiquent que la capacité installée en éolien et solaire a atteint 1 482 GW début 2025, dépassant pour la première fois les 1 450 GW de l’ensemble des énergies thermiques. Sur la même période, la production issue du solaire et de l’éolien a couvert l’intégralité de l’augmentation de la demande électrique nationale.
Un déséquilibre potentiel dans la planification énergétique
Malgré la montée en puissance des renouvelables, les projets à charbon continuent d’être approuvés dans un contexte où la capacité existante est jugée suffisante pour répondre aux pics de demande. Selon Greenpeace East Asia, l’accumulation de capacités excédentaires pourrait entraîner des actifs échoués et un renchérissement du coût de la transition énergétique.
Les grandes centrales thermiques posent également des défis d’ajustement rapide aux fluctuations de la demande, en raison de leur inertie opérationnelle. Ce mode de production est peu adapté aux réseaux de plus en plus alimentés par des sources intermittentes comme l’éolien et le solaire. Greenpeace East Asia appelle à renforcer les investissements dans le stockage, les renouvelables distribuées et les mécanismes de réponse à la demande pour stabiliser le réseau sans recourir à de nouvelles unités à charbon.