Les autorités locales du Kurdistan irakien et Bagdad ont signé un accord permettant la reprise des exportations de pétrole de la région autonome vers la Turquie, interrompues depuis dix jours, dans un compromis « temporaire » pour mettre fin à une longue dispute.
Bagdad et le Kurdistan d’Irak trouvent un terrain d’entente pour relancer les exportations de pétrole vers la Turquie
Cet accord intervient deux jours après l’annonce de la réduction drastique de la production de pétrole par Bagdad et plusieurs autres membres de l’Opep, une décision qui a fait bondir les prix du pétrole.
L’accord prévoit que les ventes de pétrole kurde passeront désormais entre les mains de l’Entreprise pétrolière d’Etat irakienne (Somo), et non plus exclusivement par les autorités du Kurdistan d’Irak. Les revenus des exportations kurdes seront versés sur un compte géré par Erbil et supervisé par Bagdad. Cet accord est « temporaire », car il permettra de tenir jusqu’au vote par le Parlement irakien d’une loi-cadre sur le pétrole et le gaz. Mais c’est une étape vitale pour mettre fin à la longue dispute entre Erbil et Bagdad.
Un accord « temporaire » pour réguler la production de pétrole et stabiliser le marché mondial du pétrole
La « dispute » a débordé des seules frontières irakiennes il y a dix jours, lorsque la Turquie a cessé d’importer le pétrole du Kurdistan d’Irak. En 2014, Bagdad avait intenté une procédure contre son voisin turc auprès du tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale à Paris, suite à l’annonce d’Ankara d’importer du pétrole depuis le Kurdistan d’Irak pour l’acheminer jusqu’à Ceyhan. Faisant fi de l’opposition du gouvernement fédéral, Erbil s’était mis à exporter vers la Turquie. Aujourd’hui, ces exportations se montent à environ 450 000 barils par jour.
L’accord va « donner à Bagdad la possibilité d’être enfin impliqué dans le secteur du pétrole du Kurdistan d’Irak, même s’il ne s’agit pour l’instant que du volet concernant les ventes », explique Yesar al-Maleki, analyste sur le Golfe au Middle East Economic Survey (MEES). De son côté, « Erbil va aussi pouvoir augmenter ses revenus en arrêtant d’accorder des réductions salées » sur ses prix, ajoute-t-il.
Le pétrole est la corne d’abondance tant de Bagdad que d’Erbil. Deuxième pays de l’Opep, l’Irak exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour, et le brut compte pour 90% de ses revenus. C’est aussi la raison pour laquelle la rivalité entre les deux entités est si âpre. En théorie, Erbil devrait envoyer à Bagdad une partie de sa production pétrolière pour la commercialiser. En contrepartie, le gouvernement fédéral devrait payer les salaires des fonctionnaires kurdes. Mais Erbil n’a jamais envoyé son pétrole et se plaint de retards chroniques dans le versement des allocations.
Dimanche, l’Irak s’est allié à plusieurs autres pays producteurs, tels que l’Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats, pour annoncer une réduction de 211 000 barils par jour de sa production de pétrole dès mai. Cette décision vise à faire remonter les cours après une récente chute.