Enel, le géant italien de l’énergie, a annoncé la création imminente d’une société commune avec le groupe de défense Leonardo et le constructeur Ansaldo Nucleare. Cette collaboration vise à évaluer la faisabilité des petits réacteurs modulaires (PRM), une technologie envisagée pour répondre aux besoins énergétiques tout en limitant les émissions de carbone.
Flavio Cattaneo, PDG d’Enel, a précisé que cette nouvelle entité, où Enel détiendra une participation majoritaire, se concentrera uniquement sur des études de faisabilité sans engagement immédiat dans la fabrication. L’entreprise italienne exploite déjà des centrales nucléaires en Espagne et en Slovaquie, mais le déploiement de l’énergie nucléaire en Italie nécessitera au moins 10 à 15 ans, ce qui l’exclut des plans stratégiques 2025-2027 d’Enel.
Un Tournant Énergétique après des Décennies de Rejet
L’Italie a abandonné le nucléaire en 1987, suite à un référendum organisé après la catastrophe de Tchernobyl. En 2011, un nouveau référendum a renforcé ce rejet, 94 % des Italiens votant contre son retour après l’accident de Fukushima. Cependant, la hausse des prix de l’électricité et les ambitions climatiques du pays poussent le gouvernement à reconsidérer cette technologie.
Sous l’impulsion de Giorgia Meloni, le gouvernement italien envisage désormais de recourir à des PRM de troisième génération et à des réacteurs avancés de quatrième génération (AMR). Ces derniers, encore en phase de recherche, sont perçus comme des solutions prometteuses mais nécessitent un cadre législatif et des investissements considérables pour leur mise en œuvre.
Des Avantages Stratégiques à Long Terme
Le PDG d’Enel a souligné que l’énergie nucléaire pourrait contribuer à réduire les coûts de production d’électricité pour les industries italiennes. Il a également comparé la situation à celle de l’Allemagne, où l’arrêt du nucléaire a entraîné une augmentation significative des prix de l’énergie.
Néanmoins, la relance du nucléaire en Italie devra surmonter des défis majeurs, notamment une opposition publique persistante et des exigences réglementaires complexes. Le gouvernement prévoit de fixer un cadre législatif d’ici la fin de l’année pour permettre une éventuelle installation de ces réacteurs dans les décennies à venir.