Iran nucléaire : une capacité connue mais longtemps passée sous silence

Des rapports confidentiels de l’AIEA et de plusieurs agences de renseignement confirment l’enrichissement d’uranium en Iran à des niveaux militaires, contredisant les déclarations officielles de Téhéran. EnergyNews.pro retrace l’évolution du programme nucléaire iranien depuis 2015, trois ans avant la rupture américaine décidée par l’administration Trump.

Partager:

Alors que l’Iran affirme ne jamais avoir eu pour objectif l’acquisition d’armes nucléaires, des informations récentes et précises fournies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) révèlent des niveaux d’enrichissement d’uranium incompatibles avec les besoins civils revendiqués par le pays. Selon ces rapports, les inspecteurs de l’AIEA ont confirmé à plusieurs reprises la présence d’uranium enrichi jusqu’à 83,7 %, un taux largement supérieur à la limite communément admise pour des applications médicales ou énergétiques. L’Iran soutient néanmoins que ces niveaux résultent d’erreurs techniques occasionnelles. Cette affirmation est remise en question par les experts techniques et les agences de renseignement internationales qui jugent peu crédibles ces explications répétées depuis plusieurs années.

Passage stratégique de 60 % à 90 %

Le processus d’enrichissement d’uranium présente une complexité décroissante à mesure que le taux augmente, une réalité technique confirmée par plusieurs institutions scientifiques de premier plan, dont le Belfer Center for Science and International Affairs de l’Université Harvard et le Washington Institute. Pour obtenir un enrichissement initial de 0 à 20 %, plusieurs milliers de centrifugeuses doivent fonctionner simultanément pendant 12 à 18 mois, car la séparation isotopique à ces faibles niveaux est particulièrement difficile et énergivore. À partir du seuil de 20 %, classé par les normes internationales comme uranium hautement enrichi (Highly Enriched Uranium, HEU), le processus devient progressivement plus simple, atteignant un point critique à 60 %.

Des centrifugeuses modernes, telles que les IR-6 utilisées par l’Iran dans les installations de Natanz et Fordow, peuvent facilement faire passer de l’uranium enrichi de 60 % à 90 %, la qualité militaire requise pour une arme nucléaire, en quelques semaines seulement. Selon les estimations détaillées fournies par le Washington Institute, l’Iran pourrait produire suffisamment d’uranium enrichi à 90 % pour une arme nucléaire opérationnelle en moins d’un mois, partant de son stock déjà existant à 60 %. Cette période extrêmement courte remet fondamentalement en question le discours officiel iranien qui prétend limiter volontairement son enrichissement à un seuil non militaire.

Concrètement, l’Iran possède actuellement 408,6 kg d’uranium enrichi à 60 %, soit l’équivalent de 604 kg en hexafluorure d’uranium (UF₆), quantité suffisante pour produire plusieurs armes nucléaires dans un délai très court. Les experts indiquent qu’il suffirait de 7 à 23 jours pour convertir ces stocks en uranium de qualité militaire.

Les révélations des archives nucléaires

En janvier 2018, le Mossad, avec des renseignements préalablement fournis par les services secrets saoudiens, a réalisé une opération clandestine à Téhéran permettant de saisir plus de 100 000 documents concernant le programme nucléaire iranien, connu sous le nom de projet AMAD. Cette opération a eu lieu dans un entrepôt situé dans la banlieue sud de la capitale iranienne, révélant des plans précis de miniaturisation d’ogives nucléaires destinées à être intégrées à des missiles balistiques, ainsi que des résultats d’essais d’explosifs conventionnels à Parchin. Ces informations, validées ultérieurement par les services de renseignement occidentaux, démontrent clairement que l’Iran avait déjà, dès cette période, la capacité technologique de concevoir une ogive nucléaire fonctionnelle.

Le Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, a présenté publiquement ces archives en avril 2018, affirmant qu’elles constituaient une preuve irréfutable des intentions militaires cachées de Téhéran. Cette révélation a directement influencé les États-Unis dans leur décision de se retirer de l’accord nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPOA), ajoutant une dimension politique à ce dossier technique complexe. L’AIEA a reconnu publiquement l’importance stratégique de ces documents, confirmant ainsi indirectement leur authenticité et leur valeur opérationnelle.

Consensus international et ambiguïté stratégique

Face à ces éléments probants, les agences de renseignement des États-Unis, d’Israël, d’Arabie saoudite et de la France convergent sur le constat que l’Iran aurait secrètement atteint un niveau de capacité nucléaire proche ou équivalant à une arme rudimentaire depuis fin 2024 ou début 2025. Ces rapports indiquent également que cette ogive, bien que probablement non testée officiellement pour éviter une riposte internationale immédiate, serait néanmoins opérationnelle et stockée dans des installations sécurisées. Cette ambiguïté délibérée aurait permis à l’Iran d’éviter jusqu’à récemment des sanctions plus strictes et des actions militaires directes de la communauté internationale.

La décision récente d’Israël d’intervenir directement contre des sites nucléaires iraniens est ainsi étroitement liée à ces éléments techniques et stratégiques, plutôt qu’à une impulsion purement politique ou régionale. En choisissant de maintenir officiellement un seuil d’enrichissement de 60 %, l’Iran a, selon ces agences, cherché à préserver une marge de négociation diplomatique tout en conservant une capacité d’action nucléaire quasi immédiate. C’est précisément ce double jeu stratégique qui a poussé Israël à adopter une position proactive dans ce dossier.

L’Iran disposait avant le début du conflit de 14 689 centrifugeuses avancées, majoritairement des modèles IR‑2m, IR‑4, IR‑6, principalement installées dans les complexes sécurisés de Natanz et Fordow. À Fordow, les cascades IR‑6, installées profondément sous terre, sont directement associées à une possible phase de rupture militarisée. Ces capacités rendent les options diplomatiques extrêmement limitées et appelleront certainement une collaboration militaire internationale dans ce conflit.

Au lendemain d’une semaine d’escalade militaire entre Israël et l’Iran, les chiffres – 408 kg d’uranium à 60 %, un potentiel de breakout sous les trois semaines, et la présence continue de milliers de centrifugeuses IR‑6 – confirment la réalité d’une menace nucléaire à portée immédiate. Cela jette une nouvelle lumière sur l’intervention militaire d’Israël, perçue par ses alliés non pas comme une initiative isolée, mais comme une réponse urgentistes à des capacités iraniennes que tous reconnaissent, mais que peu traitaient publiquement jusqu’à présent.

SOURCES

Slovenské elektrárne conclut un contrat avec Urenco pour l’approvisionnement en uranium enrichi

Slovenské elektrárne a signé un accord avec Urenco pour l’achat d’uranium enrichi destiné aux centrales nucléaires de Bohunice et Mochovce, renforçant la diversification de ses sources d’approvisionnement jusqu’au milieu des années 2030.

ENEC scelle de nouveaux accords nucléaires stratégiques avec Hyundai E&C et Westinghouse

L'Emirates Nuclear Energy Company signe deux accords majeurs avec Hyundai Engineering & Construction et Westinghouse, renforçant son positionnement sur le marché mondial du nucléaire civil et ouvrant la voie à de nouvelles opportunités industrielles internationales.

First Hydrogen renforce son partenariat avec l’Université de l’Alberta pour accélérer les SMR

First Hydrogen élargit sa collaboration avec l’Université de l’Alberta pour optimiser le design de petits réacteurs nucléaires modulaires et soutenir le développement de l’hydrogène vert face à la croissance des centres de données à intelligence artificielle.
en_114028072041540-2

La France et La Belgique officialisent leur coopération nucléaire après le revirement de Bruxelles

Les ministres de l’Énergie français et belge ont signé une déclaration d’intention pour renforcer les liens entre Paris et Bruxelles sur le nucléaire, alors que la Belgique vient d’abandonner son plan de sortie du nucléaire adopté en 2003.

Le feu vert réglementaire relance la centrale nucléaire Palisades aux États-Unis

La Commission de réglementation nucléaire américaine autorise le redémarrage de la centrale Palisades, marquant une étape clé pour Holtec dans la réintégration de ce réacteur au mix énergétique américain. —

Trois drones survolent la centrale nucléaire de Genkai, les autorités japonaises alertées

La centrale nucléaire de Genkai a détecté l'intrusion de trois drones non identifiés, entraînant une enquête immédiate des autorités japonaises sur cet incident inhabituel et potentiellement sensible pour la sécurité nationale.
en_114028072041540

KATCO met en production un nouveau site d’uranium à South Tortkuduk au Kazakhstan

KATCO, coentreprise d’Orano et Kazatomprom, a lancé l’exploitation du site de South Tortkuduk, appuyé par un investissement de $190mn, avec un objectif de production de 4 000 tonnes par an dès 2026.

L’Iran reçoit la délégation technique de l’AIEA sans accès aux sites nucléaires

Téhéran accepte la venue d’experts de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire dans les prochaines semaines, excluant toute visite de sites sensibles alors que les tensions diplomatiques persistent avec les Européens et les États-Unis.

Standard Uranium confirme 29 km de corridors conducteurs sur le projet Corvo au Canada

Standard Uranium annonce les résultats d’un relevé électromagnétique haute résolution sur le projet Corvo, validant 29 kilomètres de corridors conducteurs et lançant la planification d’un programme inaugural de forage pour 2026.
en_114025072035540

NANO Nuclear franchit une étape clé avec son prototype de pompe à induction pour réacteurs

NANO Nuclear Energy assemble et teste son prototype de pompe à induction annulaire, marquant une avancée pour ses programmes de micro-réacteurs et préparant la voie à une commercialisation potentielle de la technologie.

La Hongrie confirme le lancement de Paks-2 avec Rosatom dès l’automne

La Hongrie réaffirme sa volonté de doubler la capacité de sa centrale nucléaire de Paks, en partenariat avec Rosatom, avec un démarrage des travaux concrets attendu à l’automne.

Arabelle Solutions équipera le SMR de Darlington avec une turbine de 34 mètres

Arabelle Solutions, filiale d’EDF, fournira l’équipement turbine de l’ilot conventionnel du premier réacteur modulaire BWRX-300 au Canada, marquant une étape pour l’industrialisation des SMR sur le continent nord-américain.
en_114024072071540

Great Northern Energy Metals sécurise une participation de 49% dans un projet d’uranium au Colorado

Great Northern Energy Metals Inc. a exercé sa première option pour acquérir une part de 49% dans une entité détenant un projet d’uranium situé au Colorado, marquant une étape clé pour son développement dans le secteur nucléaire nord-américain.

Kansai Electric lance une étude pour un nouveau réacteur nucléaire à Mihama au Japon

Kansai Electric engage une étude géologique préalable à la construction d’un réacteur nucléaire à Mihama, ouvrant la voie à un potentiel investissement public majeur dans le secteur énergétique japonais.

Ontario Power Generation s’allie à Orlen Synthos Green Energy pour le déploiement de petits réacteurs modulaires en Pologne

Ontario Power Generation a signé une lettre d’intention avec Orlen Synthos Green Energy visant à soutenir le développement et l’exploitation de petits réacteurs nucléaires modulaires sur plusieurs sites en Pologne.
en_114022072049540-2

La Caisse s’engage à hauteur de £1,7bn dans Sizewell C pour renforcer le nucléaire britannique

La Caisse, géant canadien de l’investissement, prend une participation de 20 % dans la centrale nucléaire Sizewell C, mobilisant £1,7bn ($2,19bn) et consolidant la place du Royaume-Uni sur le marché européen de l’énergie.

Framatome investit dans un centre de fabrication additive pour le nucléaire en France

Framatome lance à Romans-sur-Isère une installation industrielle dédiée à la fabrication additive, destinée à soutenir les secteurs nucléaire et défense avec des composants produits par impression 3D métallique.

L’Iran Maintient Son Programme Nucléaire Sous Sanctions et Surveillance Accrue des Marchés

Malgré son inscription sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme, l’Iran poursuit l’enrichissement d’uranium, amplifiant le risque réputationnel et le blocage des flux d’investissements énergétiques.
en_114022072053540

Framatome sécurise un contrat de combustible nucléaire avec ENEC pour la centrale de Barakah

Framatome fournira du combustible nucléaire et des services techniques à ENEC, consolidant la chaîne d’approvisionnement énergétique des Émirats Arabes Unis pour la centrale de Barakah.

Stellaria lève €23mn pour développer un réacteur nucléaire à sels fondus d’ici 2035

La start-up française Stellaria boucle un financement de €23mn ($25.2mn) pour accélérer la conception de son réacteur nucléaire à neutrons rapides, avec une première réaction prévue en 2029 et une commercialisation ciblée pour 2035.

Poursuivez votre lecture en choisissant l’une des options

Compte gratuit

Accès membres