L’Iran a réagi vivement à une résolution adoptée par le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en mettant en service de nouvelles centrifugeuses avancées. Cette décision a été officialisée dans un communiqué conjoint de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) et du ministère des Affaires étrangères, alors que Téhéran affirme agir en représailles à ce qu’il considère comme une initiative « politiquement motivée » des puissances occidentales.
La résolution, approuvée par 19 des 35 membres du Conseil de l’AIEA, critique le manque de transparence de l’Iran concernant son programme nucléaire. Des acteurs influents tels que la Russie, la Chine et le Burkina Faso ont voté contre, tandis que 12 pays se sont abstenus. Les diplomates occidentaux dénoncent une escalade nucléaire, estimant que les actions iraniennes contredisent les engagements pris dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP).
Des avancées technologiques dans un contexte tendu
Les centrifugeuses nouvellement installées permettront une augmentation significative des capacités d’enrichissement de l’uranium, un processus clé pour diverses applications, notamment énergétiques. Toutefois, cette technologie suscite des inquiétudes chez les experts internationaux, car elle pourrait rapprocher l’Iran des seuils requis pour une utilisation militaire.
Téhéran continue de soutenir que son programme nucléaire vise des objectifs exclusivement civils. Néanmoins, la communauté internationale reste sceptique, alimentée par les tensions persistantes depuis le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire en 2018 sous l’administration Trump.
Un accord nucléaire fragilisé
L’accord de 2015, conclu à Vienne entre l’Iran et six grandes puissances, avait pour objectif de limiter l’enrichissement d’uranium à 3,67 %, bien loin des 60 % atteints par l’Iran aujourd’hui. Cet accord avait également prévu un allègement des sanctions économiques contre Téhéran. Cependant, la décision américaine de se retirer de l’accord a entraîné une série de représailles de la part de l’Iran, augmentant ses réserves de matières enrichies et restreignant la coopération avec l’AIEA.
En 2021, Téhéran a intensifié cette dynamique en désactivant les caméras de surveillance et en limitant l’accès des inspecteurs de l’AIEA à ses sites nucléaires. Ces actions compliquent davantage les efforts de vérification de l’agence onusienne et aggravent les tensions diplomatiques.
Perspectives de négociations
Malgré l’escalade, certaines voix en Iran, dont le président Massoud Pezeshkian, partisan d’un dialogue constructif, appellent à une reprise des négociations pour dissiper les doutes sur le programme nucléaire. La récente invitation adressée au directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, pour visiter les installations de Natanz et Fordo, est perçue comme un signe d’ouverture potentielle.
Cependant, les déclarations menaçantes du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, évoquant un possible retrait du TNP, rappellent la fragilité de la situation. Une telle démarche représenterait une rupture majeure dans l’ordre nucléaire mondial, augmentant les risques d’escalade dans la région.