Le port du Havre, l’un des plus importants de France, s’apprête à accueillir trois projets industriels de grande envergure, représentant un investissement total de 2,6 milliards d’euros et la création de 640 emplois directs. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme gouvernemental France 2030, qui vise à revitaliser les zones industrialo-portuaires et à attirer des investissements dans des filières d’avenir. Le ministère de l’Économie et des Finances a annoncé jeudi que Livista Energy, Air Products, et Qair mettront en place respectivement une raffinerie de lithium, un site d’importation d’hydrogène renouvelable, et une installation de production et stockage de méthanol et d’hydrogène.
Un projet pour chaque entreprise
Le groupe luxembourgeois Livista Energy projette de construire une raffinerie de lithium, essentielle pour l’industrie des batteries, notamment dans le secteur automobile en pleine transition vers les véhicules électriques. Ce site nécessitera un investissement de 1,2 milliard d’euros et permettra la création de 300 emplois directs. L’objectif de Livista est de renforcer l’approvisionnement européen en lithium, réduisant ainsi la dépendance de l’Europe aux fournisseurs extérieurs dans un contexte de forte demande mondiale pour ce métal stratégique.
Par ailleurs, la société américaine Air Products investira environ 1,1 milliard d’euros dans un site destiné à l’importation d’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien. Ce projet pourrait générer 270 emplois supplémentaires. Air Products a signé un accord avec TotalEnergies pour la fourniture de 70 000 tonnes d’hydrogène renouvelable par an pendant 15 ans à partir de 2030, destinées à remplacer partiellement l’hydrogène d’origine fossile dans l’industrie. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de décarbonation des activités industrielles au Havre, où le pétrole reste aujourd’hui la première marchandise en termes de tonnage transitant par le port.
Qair : Production et stockage de méthanol
La société française Qair, spécialiste des énergies renouvelables, investira 500 millions d’euros dans la construction d’un site de production et de stockage de méthanol et d’hydrogène destiné principalement au secteur du transport maritime. Ce projet, qui créera environ 150 emplois directs, vise à promouvoir des carburants alternatifs pour un secteur maritime en pleine transition énergétique. Selon le cabinet du ministère de l’Économie, ces projets industriels représentent « des milliers d’emplois directs et indirects » et contribueront au développement de filières énergétiques vertes créatrices de valeur pour les territoires français.
Le programme France 2030 et la souveraineté énergétique
Ces investissements s’inscrivent dans le cadre de France 2030, un plan ambitieux visant à dynamiser les infrastructures industrielles du pays. Le port du Havre, avec l’appui de l’État, a récemment lancé un appel d’offres pour l’aménagement de 60 hectares, destinés à accueillir ces nouvelles installations. Un « pré-aménagement » incluant des travaux d’infrastructures de desserte et un accompagnement administratif est prévu pour faciliter l’implantation des entreprises. La stratégie de souveraineté énergétique, appuyée par le Premier ministre, vise à diminuer la dépendance énergétique de la France en diversifiant les sources et en promouvant les énergies propres.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a salué cette initiative comme un signe de l’attractivité de la France pour les investissements étrangers et de la pertinence des actions visant à décarboner les ports. « Ces projets sont la preuve que la revitalisation des zones industrielles portuaires attire des investissements importants, créant de nouveaux emplois dans des secteurs verts, » a-t-il déclaré. En réorientant l’industrie locale vers des solutions plus durables, le port du Havre pourrait ainsi devenir un acteur pionnier de la décarbonation en Europe.