L’Indonésie, première économie d’Asie du Sud-Est, se positionne en leader régional dans le développement des réacteurs nucléaires modulaires de petite taille (SMR). Jakarta vise une mise en service de son premier SMR dès 2030, accélérant ainsi son calendrier initial qui prévoyait un déploiement à partir de 2032.
Un programme nucléaire en accélération
Le Conseil national de l’énergie indonésien a identifié 29 sites potentiels pour l’implantation de ces installations. L’objectif est d’augmenter la capacité de production électrique nucléaire du pays entre 45 et 54 gigawatts (GW) à long terme, contre une dépendance actuelle aux énergies fossiles à hauteur de 86 %.
Dans ce cadre, ThorCon PT Indonesia, filiale locale du groupe américain ThorCon, prévoit la construction d’une première centrale nucléaire d’une capacité de 500 mégawatts (MW) dans la province de Bangka-Belitung, avec une mise en service projetée pour 2032. De son côté, la société publique PT PLN travaille avec les États-Unis et le Japon pour développer des SMR de moins de 300 MW, adaptés à l’archipel indonésien et à ses nombreuses zones isolées.
Une technologie qui attire l’Asie du Sud-Est
Outre l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande explorent également le développement des SMR, bien qu’aucune avancée significative n’ait encore été constatée. Manille envisage une capacité nucléaire de 1,2 GW d’ici 2032, avec des fournisseurs identifiés aux États-Unis. De son côté, Bangkok prévoit deux unités de 300 MW chacune dans son projet de développement énergétique.
Le regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire dans la région marque un tournant par rapport à la période de réticence qui a suivi la catastrophe de Fukushima en 2011. Plusieurs États, à l’instar de Singapour, ont signé des accords bilatéraux pour renforcer leur coopération sur les technologies nucléaires avancées, dont les SMR.
Des défis réglementaires et financiers
L’adoption des SMR reste toutefois entravée par des obstacles réglementaires et des résistances au sein de l’opinion publique. Les délais d’approbation des autorités peuvent atteindre cinq à six ans, contre huit à neuf ans pour les centrales nucléaires classiques. Par ailleurs, certains pays doivent mobiliser des financements internationaux pour concrétiser leurs projets, l’investissement initial restant conséquent.
Face à la montée en puissance des énergies renouvelables, notamment du solaire, l’avenir des SMR en Asie du Sud-Est dépendra des choix politiques et des arbitrages économiques des gouvernements concernés.