Parti d’Algérie, le vaisseau approche des côtes françaises, accompagné de deux remorqueurs. Le Lalla Fatma N’Soumer déchargera 130 000 m3 de GNL au terminal de Fos Cavaou.
Le terminal de Fos Cavaou : Un point clé pour l’approvisionnement en GNL et son déchargement.
Après une année 2022 sans précédent, le site demeure hautement sollicité pour stocker du gaz en prévision de l’hiver :
Dans le tanker, long de 250 m et visible de loin avec ses quatre cuves sphériques, il y a assez de gaz pour couvrir « la consommation annuelle d’une ville comme Montpellier », explique Arnaud Catoire, directeur du terminal.
Derrière lui, un labyrinthe de canalisations court sur le site industriel grand comme cinq stades de France, installé à côté des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal, à 50 km de Marseille.
Déchargement du terminal méthanier en été 2023 : gestion informatisée et efficacité opérationnelle
A l’heure de décharger le tanker, en ce début d’été 2023, le site est presque désert. Largement informatisé, le terminal méthanier, opéré par Elengy (400 collaborateurs), filiale d’Engie, a besoin de cinq personnes pour cette opération. Avec Cavaou, les quatre terminaux français, mis en service entre 1972 et 2017, ont connu une activité hors norme en 2022, quand toute l’Europe s’est ruée sur le gaz liquéfié pour compenser le tarissement des gazoducs russes liés au Kremlin.
L’essor des importations de GNL en France et leur rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique.
En 2022, les importations de GNL en France ont plus que doublé, faisant du pays une porte majeure vers l’Europe. La France devient ainsi le premier exportateur de GNL vers l’Europe.
Les importations « ont représenté l’équivalent de 70% de la consommation française de gaz en 2022 », souligne Nelly Nicoli, directrice générale d’Elengy, qui opère les terminaux de Fos Cavaou, Fos Tonkin et Montoir-de-Bretagne.
Le quatrième, à Dunkerque, est exploité par le groupe belge Fluxys. En 2022, le taux d’utilisation des terminaux d’Elengy a culminé à 95%, contre environ 60% avant la crise énergétique, ce qui est inédit.
Maintenir l’approvisionnement hivernal en GNL malgré les défis de la crise énergétique.
Un an après, à Fos, l’activité s’est un peu détendue, mais elle restait à des niveaux élevés avant l’été, avec un taux d’utilisation de 85%. Il faut finir de remplir les stocks hivernaux alors que l’Europe devra encore se passer des gazoducs russes.
Sans afficher d’inquiétude sur les capacités de l’Europe à s’approvisionner pour l’hiver, le directeur stratégie d’Elengy Christophe Thil souligne néanmoins que l’utilisation des terminaux d’importation devrait être « soutenue » jusqu’à la fin de l’année « pour y arriver ».
De l’eau pour regazéifier
En 2022, la France a reçu majoritairement 400 cargaisons de GNL des États-Unis, selon un rapport de la Commission de régulation de l’énergie. Les champs russes privés et l’Algérie sont également sources d’approvisionnement. Le gaz fossile, avant d’atteindre Fos, se refroidit à -160°C, simplifiant le transport puisqu’il occupe 600 fois moins d’espace sous forme liquide, indique Thierry Labrousse, directeur adjoint du terminal. Après amarrage, le méthanier se relie à d’immenses bras en forme de compas pour récupérer le gaz liquide, puis le stocke dans d’énormes réservoirs. Ensuite, il est regazéifié par « ruissellement ». Sous des douches d’eau de mer dont la température est à 15°C, celle des petits tuyaux contenant le gaz liquide à -160°C se réchauffe: il redevient gazeux. Prêt à être injecté dans le réseau après avoir été odorisé.
Processus et enjeux environnementaux de la regazéification du GNL, avec une perspective vers des alternatives durables.
Depuis quelques années, Fos-Cavaou propose de charger directement du GNL dans des camions-citernes pour les stations-service. M. Nicoli explique également que le GNL décarbone la mobilité terrestre et maritime sur les navires. Lors de la combustion, il émet moins de gaz à effet de serre que le fioul et le pétrole. Cependant, les associations écologistes critiquent son empreinte globale en raison des fuites de méthane en amont, ayant un pouvoir de réchauffement supérieur au CO2.
« L’idée n’est pas de rester sur un approvisionnement uniquement fossile », insiste M. Nicoli dont l’entreprise travaille déjà sa reconversion avec la production pour fin 2025 de bio-GNL, à partir de déchets.
L’avenir du site pourrait inclure la capture du CO2 des industries de l’étang de Berre. Il envisage également la production de méthane de synthèse et d’ammoniac liquide. Ces produits sont dérivés de l’hydrogène et perçus comme l’avenir énergétique et climatique.