Toril Bosoni, la directrice de la division « marché pétrolier » de l’IEA s’est entretenue avec S&P Commodity Insight à l’occasion du S&P Global Executive Petroleum and Energy Conference. Elle détaille dans cet entretien les impacts des prix du pétrole sur la croissance économique et la demande pour le pétrole.
Une forte diminution de la demande pour 2022
La demande pour le pétrole diminuerait de 3,2 millions de barils par jour à seulement 1,8 million. Ces chiffres sont la conséquence de l’augmentation des prix du pétrole à cause de la guerre en Ukraine, des faibles stocks de pétrole, des maintenances en cours et du manque de capacité de raffinage de réserve. Alors que le Brent s’achetait à 80 dollars par baril au début de l’année, il a atteint 140 dollars par baril en mars et se situe aux alentours de 120 dollars par baril au début du mois de juin.
Les confinements en Chine ont également fait diminuer la demande pour le pétrole. L’impact de ces derniers a été sous-estimé. Pourtant, la Chine demeure le 2ème plus grand consommateur mondial de pétrole.
Une demande tout de même résistante
Pour l’instant, le haut taux d’épargne accompagné d’une demande importante pour le transport aérien permet de soutenir la demande. Par ailleurs, le prix élevé du gaz naturel ne permet pas la substitution du pétrole par le gaz.
Cette résistance devrait se maintenir au cours de l’été. La demande pour le secteur du transport aérien devrait se renforcer, la saison de la conduite aux États-Unis va débuter et la nécessité de climatisation au Moyen-Orient va stimuler la consommation. Par ailleurs, on observe une activité importante des raffineries qui vont augmenter leur production de 4,7 millions de barils par jour entre avril et août. Cela va stimuler leur demande pour le pétrole brut.
La sensibilité de la demande à l’augmentation des prix du pétrole
Les consommateurs ajustent leur demande constamment en fonction des prix de l’énergie, leur revenu, la confiance dans le marché et le prix des énergies compétitrices. L’IEA analyse la sensibilité de la demande. L’organisation estime que si le Brent venait à être vendu à 110 dollars par baril, la consommation pourrait diminuer de 680 000 barils par jour. Par ailleurs, un prix du Brent à 120 dollars par baril pourrait diminuer la consommation de 1,3 million de barils par jour.
La hausse des prix impacterait majoritairement la demande pour les carburants de transport qui représenterait 80 % de l’impact total sur la demande.