L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé mercredi que l’objectif de la Conférence des Parties (COP28) visant à tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables d’ici 2030 est à portée de main. Cette ambition repose particulièrement sur le soutien au développement des énergies renouvelables dans les pays du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est.
Près de 70 pays, représentant collectivement 80 % de la capacité mondiale d’énergies renouvelables, sont sur le point d’atteindre ou de dépasser leurs objectifs actuels pour 2030, selon le rapport annuel « Renouvelables 2024 » de l’AIE. Toutefois, cette progression « n’est pas totalement conforme » à l’objectif de triplement fixé lors de la COP28, mais l’agence reste optimiste quant à la possibilité de l’atteindre si les gouvernements saisissent les opportunités d’action à court terme.
Croissance des énergies renouvelables
La capacité mondiale en énergies renouvelables devrait atteindre 2,7 fois son niveau de 2022 d’ici 2030. Le solaire photovoltaïque est prévu pour représenter 80 % de cette croissance, tandis que l’éolien connaîtra un doublement de son taux d’expansion entre 2024 et 2030 par rapport à la période 2017-2023. Ces chiffres illustrent une dynamique forte dans le secteur des renouvelables, portée par des investissements massifs et une baisse continue des coûts de production.
La Chine en tête
Sur le plan géographique, la Chine devrait représenter près de 60 % de toutes les capacités renouvelables installées dans le monde d’ici 2030, abritant ainsi près de la moitié de la capacité mondiale totale d’énergie renouvelable, contre un tiers en 2010. Cette position dominante de la Chine souligne l’importance de ses politiques énergétiques dans la transition mondiale vers des sources d’énergie plus durables.
Les défis des combustibles renouvelables
Malgré ces avancées, les combustibles renouvelables tels que les biocarburants et l’hydrogène accusent un retard significatif. L’AIE souligne la nécessité d’un soutien politique dédié pour décarboner les secteurs difficiles à électrifier. Ces énergies alternatives sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques les plus ambitieux, notamment la limitation du réchauffement climatique à +1,5 °C d’ici 2050, conformément à l’accord de Paris.
Renouvelables, une option économique
Le déploiement rapide des énergies renouvelables est également favorisé par leur compétitivité économique. Fatih Birol, directeur général de l’AIE, a indiqué que les renouvelables représentent aujourd’hui « l’option la moins chère pour ajouter de nouvelles centrales électriques dans presque tous les pays du monde ». D’ici 2030, le monde devrait ajouter plus de 5 500 gigawatts de capacité d’énergie renouvelable, équivalent à la capacité actuelle de la Chine, de l’Union européenne, de l’Inde et des États-Unis réunis.
Renforcer les objectifs climatiques
Pour atteindre le triplement des capacités renouvelables, les États devront être plus « audacieux » dans les objectifs climatiques rehaussés, appelés Contributions Déterminées au niveau National (NDC, en anglais), qu’ils doivent présenter d’ici 2025 selon l’Accord de Paris. L’AIE recommande également de renforcer la coopération internationale afin de réduire les coûts de financement des renouvelables, particulièrement élevés dans les économies émergentes et en développement, ce qui freine leur croissance dans des régions à fort potentiel comme l’Afrique et l’Asie du Sud-Est.
Intégration et flexibilité des systèmes énergétiques
L’Agence souligne l’importance d’intégrer efficacement l’énergie solaire photovoltaïque et l’éolien dans les systèmes électriques nationaux. Cela nécessitera une plus grande flexibilité des réseaux et une augmentation des capacités de stockage, notamment par des batteries. Cette intégration est cruciale pour stabiliser l’approvisionnement en électricité et maximiser l’utilisation des énergies renouvelables.
Le groupe de réflexion Ember a commenté que la croissance observée des énergies renouvelables jusqu’à présent n’est que le début. « Le marché peut répondre aux besoins des énergies renouvelables, et les gouvernements doivent désormais donner la priorité aux investissements dans le stockage, les réseaux et d’autres formes de flexibilité propre pour permettre cette transformation », a-t-il déclaré dans un commentaire transmis à l’AFP.