Parmi les différents types de production d’hydrogènes, certaines font l’objet d’un intérêt particulier. L’hydrogène bleu (produit à partir de gaz naturel) et l’hydrogène renouvelable en sont les principales.
Ces deux types de production d’hydrogène sont en effet amenés à prendre une place significative pour lutter contre le changement climatique. L’hydrogène permettrait ainsi de réduire les émissions de carbone des industries, secteur particulièrement polluant. La guerre en Ukraine semble cependant avoir favorisé d’avantage l’un de ces deux modes de production.
Une question de coût de production
La question des coûts de production de l’hydrogène a longtemps penché en faveur de l’hydrogène bleu. D’autant que celui-ci jouit du soutien non négligeable du secteur pétrolier. Il est vrai que les coûts de production pour l’hydrogène bleu étaient nettement inférieurs à ceux de l’hydrogène renouvelable.
Jusqu’à récemment, l’hydrogène bleu coûtait moins de 3 euros par kg. Cela grâce à un prix de gaz naturel inférieur à 2 euros par MWh. De son côté, l’hydrogène renouvelable possédait un coût unitaire avoisinant les 4 euros par kg.
Ainsi, l’Université Cornell, aux États-Unis, a publié un rapport de recherche de scientifiques. Il dénonçait alors le potentiel polluant de l’hydrogène bleu, contrecarrant son avantage économique.
Par conséquent, l’hydrogène renouvelable possédait l’avantage environnemental mais l’aspect économique lui faisait encore relativement défaut. Au cours de l’été dernier, ce retard dans le domaine économique a été amoindri.
Cela s’explique par un prix du gaz naturel en forte hausse. Il a effectivement atteint plus de 100 euros par MWh. Cette hausse impacte donc le coût de production de l’hydrogène bleu, produit grâce à cette ressource.
La guerre en Ukraine favorise l’hydrogène renouvelable
La guerre en Ukraine engendre des conséquences sur l’ensemble du domaine énergétique. Elle a changé la donne concernant l’hydrogène. Ce conflit a d’autant plus perturbé les avantages dont jouissait l’hydrogène bleu face à l’hydrogène renouvelable.
Contrairement à l’hydrogène renouvelable, l’hydrogène bleu doit capter le carbone. Cela entraîne des dépenses supplémentaires qui ont augmenté avec le conflit.
De plus, le conflit en Ukraine met en exergue d’autres éléments qui désavantagent l’hydrogène bleu face au renouvelable. Le gaz pourrait effectivement venir à être rationné ce qui aurait un impact sur la production de cet hydrogène. Ainsi, les risques géopolitiques impactent fortement l’hydrogène produit grâce au gaz.
L’hydrogène renouvelable est moins affecté par ce risque géopolitique. Ses coûts sont effectivement déterminés par des accords d’achat d’énergie éolienne et solaire à long terme. Cela permet alors d’avoir des prix fixes et ainsi une stabilité des coûts de production.
Persistance de certains problèmes concernant l’hydrogène
Des défis importants pour l’hydrogène renouvelable
Néanmoins, l’hydrogène renouvelable n’est pas encore la solution miracle. Il possède également des désavantages qui demeurent des défis notables.
Ce type d’hydrogène fait notamment face à des problèmes d’approvisionnement. Le monde, en dehors de la Chine, possède une capacité d’électrolyse de 5 GW. Cette capacité est faible au vu des ambitions affichées en termes d’hydrogène renouvelable.
On estime qu’il faudrait installer 4 300 GW de capacité électrolyse supplémentaires pour répondre aux objectifs. De plus, il est nécessaire d’accroître les capacités d’énergies solaires et éoliennes. Ainsi, plusieurs pays, comme l’Australie ont récemment annoncé vouloir miser sur l’hydrogène.
L’hydrogène reste marginal
Jusqu’alors les différents types de production d’hydrogène évoqués restent encore peu exploités. Ils ne représentent effectivement que 10 % des 90 millions de tonnes d’hydrogène produites chaque année.
Le reste correspond à l’hydrogène gris. Ce dernier est produit à partir d’énergies fossiles. Par conséquent, il n’apparaît pas comme une solution d’avenir.
On peut tout de même imaginer que la production des hydrogènes renouvelable et bleu pourrait croître. Selon le Conseil de l’hydrogène, le défi consiste à faire passer la production globale d’hydrogène à plus de 650 millions de tonnes par an. Cela avant 2050.