Le groupe américain Holtec International a annoncé l’annulation définitive de son projet de site de stockage intermédiaire de combustible nucléaire usé dans l’État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis. Cette décision intervient après près d’une décennie de collaboration avec l’alliance énergétique locale Eddy-Lea Energy Alliance (ELEA), et plusieurs revers judiciaires sur la délivrance des autorisations fédérales.
Un partenariat de dix ans interrompu
Le projet, nommé HI-STORE Consolidated Interim Storage Facility (CISF), devait permettre de stocker temporairement le combustible usé provenant des centrales nucléaires du pays. Conçu autour du système de stockage à sec HI-STORM UMAX développé par Holtec, le site visait une capacité initiale de 8 680 tonnes d’uranium avec une extension prévue jusqu’à 10 000 conteneurs. La structure devait être érigée sur un terrain situé entre les villes de Carlsbad et Hobbs, propriété de l’ELEA, une alliance réunissant les comtés d’Eddy et de Lea ainsi que les deux municipalités.
Un accord de principe avait été signé en 2015 pour couvrir la conception, l’obtention de licences, la construction et l’exploitation du centre. En 2023, Holtec avait obtenu de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (Nuclear Regulatory Commission, NRC) une autorisation finale pour démarrer les travaux.
Blocage juridique et retrait stratégique
En mars 2024, la Cour d’appel du cinquième circuit a annulé cette autorisation, jugeant que la NRC n’avait pas l’autorité légale pour accorder une telle licence. Cette décision faisait suite à une affaire similaire impliquant la société Interim Storage Partners au Texas. En dépit de l’absence d’une décision définitive de la Cour suprême sur le fond, Holtec et ses partenaires ont décidé de se retirer du projet.
Dans un communiqué, Holtec a déclaré avoir trouvé un accord avec l’ELEA pour « libérer le terrain à d’autres usages plus adaptés aux besoins locaux », tout en précisant qu’elle continuerait à « explorer des solutions dans d’autres États ouverts au stockage du combustible usé », en s’appuyant sur des efforts récents du Département de l’Énergie des États-Unis (Department of Energy, DOE) en matière de sensibilisation publique.
Des incertitudes persistantes autour de la filière
Ce retrait met en lumière les obstacles récurrents rencontrés aux États-Unis pour développer des solutions temporaires de stockage en attendant l’ouverture d’un site de dépôt permanent. L’incertitude juridique, combinée à l’opposition politique et locale, freine les investissements privés dans ce segment du cycle nucléaire. Holtec avait déposé une requête devant la Cour suprême pour rétablir la licence, sans succès à ce jour.
Les projets de stockage temporaire reposent sur l’acheminement des combustibles usés par voie ferroviaire depuis des centrales nucléaires réparties dans tout le pays. L’absence d’infrastructure permanente soulève des enjeux logistiques majeurs pour l’industrie, qui doit gérer près de 80 000 tonnes de combustible usé entreposées sur site à travers les États-Unis.