Le gazoduc Maghreb-Europe fait l’objet d’un contrat qui doit expirer fin octobre 2021. Mais les négociations sont au point mort, alors que les relations entre l’Algérie et le Maroc se tendent.
Le gazoduc Maghreb-Europe remis en question
L’accord de transit actuel pour le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui transporte du gaz de l’Algérie vers l’Espagne en passant par le Maroc, doit expirer à la fin du mois d’octobre 2021. Mais la perspective d’un renouvellement s’assombrit en raison de la détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc.
Le différent porte sur la souveraineté du Sahara occidental. L’Algérie ayant coupé ses relations diplomatiques avec le Maroc le 24 août 2021 justifiant « d’actions hostiles » du Maroc.
L’Algérie se dit prête à fournir l’Europe sans le gazoduc
La compagnie nationale algérienne Sonatrach se dit en revanche en mesure de fournir l’Espagne en cas de non-renouvellement du contrat. Les calculs de S&P Global Platts confirment cette possibilité. Cependant, cette stratégie présente des risques, notamment des pannes fréquentes dans des installations clés d’exportation de GNL.
Or S&P souligne que se passer du gazoduc mettrait l’Algérie et le Maroc dans une situation économique inconfortable. Pour l’Algérie, compter sur la capacité d’exportation de GNL disponible pour approvisionner l’Espagne compromettrait sa capacité à maximiser ses revenus pendant une période où les équilibres budgétaires sont sous pression.
Pour preuve, entre 2016 et 2020, le GME a transporté 34,8 Bcm de GNL, soit 52% de ses exportations totales vers l’Espagne.
Le Maroc risque la panne énergétique
De son côté, le Maroc serait privé du gaz dont il a besoin pour répondre à la demande intérieure. Le risque est important compte tenu du rôle de base du gaz et du manque de sources alternatives d’approvisionnement en gaz naturel. D’autant que la quasi-totalité de son approvisionnement en gaz naturel provient du GME.
La prise du Maroc sur le GME est, en moyenne, supérieure à 1,07 Bcm/an au cours des cinq dernières années (hors 2020 où elle est tombée à 700 millions de m³). Ce qui représente plus de 95% de l’offre totale entièrement utilisée dans le secteur de l’électricité.
En outre, le Maroc dispose de 10,7 GW de puissance installée, dont 35% (3,75 GW) sont des énergies renouvelables intermittentes. Cela signifie que le charbon (4,1 GW) et le gaz (2,9 GW) sont des sources de base clés. Ce qui implique que les flux de gaz algériens sont essentiels pour éviter les pénuries d’électricité.