Les tensions s’accentuent dans le secteur de l’énergie, où des entreprises telles que BP, Edison et Shell se trouvent confrontées à des problèmes de livraison avec l’exportateur américain de gaz naturel liquéfié (GNL), Venture Global LNG. Cette situation complexe, qui a déclenché des appels à l’intervention de la Task Force Énergie UE-USA, soulève des inquiétudes quant à la fiabilité des fournisseurs américains de GNL.
Appels à l’Action et Réponses Officielles
En octobre dernier, ces entreprises ont sollicité l’intervention de la Task Force pour résoudre leurs problèmes contractuels avec Venture Global LNG, suite à des défauts de livraison de GNL. En particulier, un dirigeant de Shell a pressé l’organisation d’exiger de Venture Global LNG qu’elle respecte immédiatement ses contrats signés. Ces sociétés font partie d’au moins quatre clients de l’entreprise basée à Arlington, en Virginie, qui ont engagé des procédures d’arbitrage contractuel en raison du manque de fournitures de gaz.
Accusations et Défenses
Venture Global LNG a fait face à des difficultés opérationnelles dans son usine en Louisiane, attribuées à des équipements électriques défectueux actuellement en cours de réparation. La société a été accusée par Shell de détourner ses ressources vers la construction d’une seconde usine d’exportation de GNL au lieu de finaliser les réparations de la première, suscitant des doutes sur la confiance accordée aux fournisseurs américains de GNL. Carol Howle, cadre chez BP, a exprimé dans une lettre distincte son inquiétude quant à la fiabilité de l’usine et a suggéré que les autorités examinent la pertinence de son fonctionnement et de ses exportations.
Implications et Conséquences Commerciales
Les responsables de l’UE et des États-Unis ont cependant considéré ce différend comme une affaire contractuelle entre parties commerciales, sans intervenir lors de la réunion de la Task Force du 30 octobre. Un porte-parole de Shell a indiqué ne pas s’attendre à une réaction immédiate de la Task Force, mais voulait attirer l’attention sur une potentielle perte de confiance envers les fournisseurs américains de GNL. BP s’est abstenu de tout commentaire autre que celui mentionné dans sa lettre, tandis qu’Edison n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
Performances et Controverses de Venture Global LNG
Venture Global LNG, pour sa part, a affirmé opérer son usine de Calcasieu Pass à pleine capacité et a vendu plus de 200 cargaisons, pour une valeur d’environ 18,2 milliards de dollars, selon un décompte de Reuters. Ces ventes ont généré des prix supérieurs à ceux stipulés dans les contrats à long terme des quatre entreprises. Shell et d’autres affirment que l’entreprise a profité de la flambée des marchés mondiaux du gaz tout en compromettant la sécurité énergétique de l’Europe.
Les clients ont été informés qu’ils ne recevraient pas les quantités contractées avant fin 2024. BP et Shell ont acheté du gaz de l’usine et l’ont revendu hors d’Europe, tout en invoquant la sécurité énergétique de l’Europe dans leurs lettres à la Task Force. Venture Global LNG a déclaré travailler diligemment pour achever entièrement l’usine, sans préciser la date de début de l’exploitation commerciale complète.
Selon une lettre du 10 novembre signée par les coprésidents de Venture Global, Michael Sabel et Robert Pender, Shell et BP ont acheté respectivement sept et six cargaisons de mise en service, dont plusieurs ont été échangées en dehors de l’Europe pour des profits plus élevés. Venture Global insiste sur sa conformité avec les termes des contrats et considère les critiques de BP et Shell comme une tentative de
« litige à travers nos régulateurs et dans les médias.»
Ce conflit met en lumière les complexités et les défis de la sécurité énergétique mondiale, révélant la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement et la nécessité d’une coopération accrue entre les fournisseurs et les régulateurs internationaux pour garantir la stabilité énergétique.