La fusion controversée de l’ASN et de l’IRSN a été approuvée par une marge étroite à l’Assemblée nationale. Celle-ci a adopté le projet de loi par 260 voix contre 259, une victoire obtenue de justesse qui reflète les divisions politiques. Le soutien d’une fraction des Républicains a été déterminant, tandis que le RN, après avoir soutenu le projet, a changé de position. Ce vote suit un rejet antérieur il y a un an, soulignant l’évolution du paysage politique. La majorité fragile soulève des questions sur la solidité du consensus autour de la réforme.
Objectifs et préoccupations de la fusion
La création de l’ASNR, prévue pour début 2025, vise à unifier et optimiser le fonctionnement de la sûreté nucléaire en France. Cette réorganisation cherche à accélérer les procédures d’expertise et de contrôle, dans le contexte d’une relance du secteur nucléaire. Cependant, des voix s’élèvent contre cette fusion, notamment parmi les syndicats des deux organismes, qui craignent une perte d’indépendance et de transparence. Les critiques soulignent également le risque de désorganisation, à un moment où le secteur nécessite stabilité et clarté.
Réactions politiques et syndicales
Les groupes de gauche à l’Assemblée nationale ont unanimement rejeté le projet, marquant leur opposition à la stratégie nucléaire du gouvernement. Le député Jean-Philippe Tanguy du RN a exprimé un ras-le-bol généralisé, critiquant la démarche du gouvernement pour son manque de dialogue et de respect. Les syndicats, en particulier ceux de l’IRSN, ont mis en garde contre les dangers de la fusion, alertant sur un potentiel affaiblissement de la sûreté nucléaire. Ces réactions témoignent des tensions autour de la réforme et des défis de communication et de consensus auxquels elle est confrontée.
Débats houleux et critiques de la réforme
Les débats à l’Assemblée ont été marqués par des critiques virulentes de la part des opposants à la réforme. L’ancienne ministre Delphine Batho a dénoncé la suppression des publications d’avis d’expertise, y voyant un recul majeur pour la transparence et la sûreté. Le projet de réforme a également été critiqué pour son impact potentiel sur l’intégrité de la recherche et la sûreté nucléaire, accentuant les craintes d’une détérioration de la confiance publique dans le secteur.
Malgré l’approbation du projet de loi, l’avenir de la fusion reste incertain. Le gouvernement prévoit une commission mixte paritaire en avril, mais l’issue du vote dans cette commission et l’adoption définitive restent en suspens. Les retournements de position, comme ceux observés chez le RN, et les critiques persistantes des différents acteurs politiques et syndicaux soulignent l’instabilité et les défis qui entourent cette réforme. L’enjeu est de taille, touchant à la sûreté nucléaire, à la transparence et à l’indépendance des experts dans un contexte de relance nucléaire.