Le gouvernement français a annoncé en février dernier son projet de fusionner l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Une décision qui a suscité des inquiétudes chez les syndicats des deux organismes, qui ont exprimé leur opposition dans un communiqué commun publié mercredi.
Les inquiétudes des syndicats
Les quatre syndicats de l’ASN et de l’IRSN ont unanimement exprimé leurs inquiétudes quant à la fusion des deux organismes, dénonçant une « déstabilisation » nuisible à tout le secteur. Ils ont fait valoir que cette décision risque de nuire à leur capacité à instruire et à décider rapidement et de manière motivée et rigoureuse. Selon eux, cela tombe au pire moment, alors que le gouvernement a décidé de relancer l’atome en 2022 et va devoir trouver les bras nécessaires ainsi que le soutien de l’opinion publique.
Les syndicats ont également critiqué la soudaineté de l’annonce de cette fusion, qui n’a été précédée d’aucune étude d’impact ni d’état des lieux. Ils ont dénoncé l’absence d’un cadre budgétaire défini, d’une réflexion précise des missions concernées par la fusion et de garanties concrètes pour le personnel des deux structures. La fusion risque de faire perdre beaucoup de temps et énormément de ressources à un moment où la filière nucléaire française aura besoin de la disponibilité des équipes pour fournir des contrôles rigoureux, agiles, transparents et indépendants.
La sécurité nucléaire en jeu
Les représentants du personnel de l’ASN et de l’IRSN ont fait valoir que leur rigueur, leurs compétences, leur indépendance et leur transparence sont reconnus au plan international et sont le fondement de la crédibilité du système actuel. Ils estiment que le maintien d’un contrôle et d’une expertise transparents, indépendants et efficaces en termes de sûreté nucléaire est une garantie indispensable à la sécurité des travailleurs, de la population, de l’environnement et des installations. C’est aussi la condition de l’acceptabilité sociétale de cette relance du nucléaire civil, préviennent-ils.
Une réforme à repenser
Les syndicats n’excluent pas la possibilité d’une réforme, mais ils estiment que celle-ci doit être mieux pensée, préparée et accompagnée. Ils demandent un dialogue constructif avec le gouvernement et des garanties sur l’avenir des deux organismes et de leurs salariés. Ils appellent à une réflexion concertée sur l’avenir de la filière nucléaire française et de sa sûreté, en vue d’une réforme plus adaptée aux enjeux actuels et à venir.
En conclusion, la fusion de l’ASN et de l’IRSN ne semble pas faire l’unanimité chez les syndicats des deux organismes, qui craignent une déstabilisation du secteur nucléaire.