Le rapport publié par la Cour des Comptes le 5 juin concernant la filière hydrogène décarboné en France a suscité une réaction immédiate de France Hydrogène. L’organisation estime que le document présente une analyse incomplète, notamment en raison de l’omission de la révision récente de la Stratégie Nationale Hydrogène (SNH), officialisée en avril 2025. Cette stratégie prévoit désormais un objectif de 4,5 gigawatts (GW) d’électrolyse en 2030 et 8 GW en 2035, révisés pour s’ajuster aux retards accumulés dans les années précédentes.
Des divergences sur l’analyse des coûts
Le rapport de la Cour des Comptes met l’accent sur les coûts liés au développement de la filière, suggérant que les investissements publics devront être maîtrisés. France Hydrogène conteste cette approche, affirmant que le différentiel de coût avec les énergies fossiles peut être compensé par des mécanismes de marché impliquant le secteur privé, sans nécessiter de subventions durables. L’association préconise l’instauration d’obligations adaptées pour répartir ce surcoût, tout en maintenant une viabilité économique et sociale.
Des bénéfices économiques ignorés
France Hydrogène reproche également à la Cour des Comptes de négliger les retombées économiques potentielles du développement de la filière. L’organisation avance que l’hydrogène décarboné pourrait contribuer à la création de 66 000 emplois d’ici 2035 et générer une économie de près de EUR6bn ($6.49bn) sur la facture énergétique extérieure. Ces chiffres s’appuient sur les projections industrielles, soulignant un potentiel de relocalisation des chaînes de valeur stratégiques.
Des infrastructures encore à développer
L’association appelle à un déploiement accéléré des infrastructures nécessaires, incluant les réseaux de transport et de stockage, et insiste sur l’activation rapide de dispositifs tels que l’Instrument de Réduction de l’Intensité Carbone des Consommations (IRICC). Ces outils sont jugés indispensables pour structurer efficacement une filière encore émergente, tout en permettant une montée en puissance progressive.
Philippe Boucly, président de France Hydrogène, alerte sur le calendrier d’action, déclarant que « le temps n’est plus aux hésitations ». L’association insiste sur la nécessité de soutenir sans délai les usages industriels et lourds du transport, considérés comme leviers prioritaires pour l’équilibre économique du modèle.