En juillet, le pipeline TurkStream, reliant la Russie à l’Europe du Sud-Est, a transporté en moyenne 45,5 millions de mètres cubes de gaz par jour, pour un total de 1,41 milliard de mètres cubes sur le mois. Ce volume n’a été surpassé qu’en août 2023, avec 1,43 milliard de mètres cubes. Ces chiffres montrent une demande constante pour le gaz russe dans cette région.
Les livraisons de gaz russe en Europe, par pipelines, sont actuellement limitées à TurkStream et au transit via l’Ukraine, entrant par le point de Sudzha. En juillet, les flux totaux de pipeline vers l’Europe ont atteint un sommet annuel de 2,52 milliards de mètres cubes, une augmentation de 15% par rapport à juin et de 11% par rapport à l’année précédente.
Impact sur les Pays Bénéficiaires
Parmi les principaux bénéficiaires du gaz via TurkStream figurent la Hongrie et la Serbie, deux pays entretenant des relations étroites avec Moscou. La Hongrie, l’un des rares pays de l’UE à continuer d’importer des volumes significatifs de gaz russe, a signé un accord de 15 ans avec Gazprom en septembre 2021 pour la fourniture de 4,5 milliards de mètres cubes par an, tout en important des volumes supplémentaires.
Le gaz russe via TurkStream peut également être livré à la Roumanie, à la Grèce, à la Macédoine du Nord et à la Bosnie-Herzégovine. Ces livraisons diversifiées soulignent l’importance stratégique de TurkStream dans la géopolitique énergétique européenne.
Le Transit Ukrainien : Une Équation Complexe
Malgré la guerre en cours, Gazprom continue d’exporter du gaz vers l’Europe via l’Ukraine, avec des livraisons stables en 2024 d’environ 42 millions de mètres cubes par jour. Cependant, l’accord de transit de gaz entre la Russie et l’Ukraine, d’une durée de cinq ans, doit expirer à la fin de 2024. Cette échéance pourrait affecter des pays comme l’Autriche et la Slovaquie, qui dépendent encore de ce transit.
OMV, la compagnie autrichienne, a déjà annoncé qu’elle ne signerait pas de nouveau contrat de transit pour les livraisons de gaz russe. Le PDG d’OMV, Alfred Stern, a précisé que l’entreprise s’en tiendrait au point de livraison contractuel à la frontière slovaque-autrichienne. Cela reflète une stratégie prudente face aux incertitudes du transit gazier post-2024.
Scénarios Post-2024
La Slovaquie envisage la création d’un consortium européen pour prendre livraison du gaz à la frontière russo-ukrainienne, une solution jugée « réalisable » par SPP, la société slovaque. MVM, en Hongrie, soutient toute solution garantissant la sécurité de l’approvisionnement en gaz.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a déclaré que l’Azerbaïdjan avait été approché par Kiev et l’UE pour faciliter une éventuelle prolongation de l’accord de transit. Des discussions sont également en cours avec la Russie pour assurer le transit futur via l’Ukraine.
Perspectives et Défis
Sans les flux de gaz via l’Ukraine, des pays comme l’Autriche et la Slovaquie pourraient faire face à de sérieux défis, nécessitant potentiellement des dépenses supplémentaires importantes pour sécuriser des sources alternatives de gaz. En 2023, les livraisons de gaz russe via l’Ukraine ont totalisé 14,65 milliards de mètres cubes, en baisse de 28% par rapport à l’année précédente et de 65% par rapport à 2021.
La situation géopolitique et les dynamiques de marché vont continuer à façonner l’avenir des flux de gaz russe vers l’Europe. Il est crucial d’évaluer et de mettre en place des solutions durables pour garantir la sécurité énergétique du continent. Le rôle de l’Azerbaïdjan dans les négociations et la création de consortiums européens pourraient jouer un rôle clé dans l’évolution de ces flux.