La flambée des prix de l’énergie impacte fortement l’Europe. Celle-ci a des conséquences sur les ménages, qui voient leurs factures augmenter, mais aussi sur l’industrie. Ainsi, l’Europe s’efforce de protéger son industrie alors que la production industrielle allemande a baissé en juillet.
Pour ce faire, l’Europe cherche des solutions. L’UE envisage alors plusieurs solutions comme un plafonnement des prix du gaz ou la séparation des prix de l’électricité de ceux du gaz. Pour essayer de maîtriser la flambée des prix, les ministres européens de l’énergie doivent se réunir demain, le 9 septembre.
L’Europe face à une flambée des prix de l’énergie
De fait, en Europe, les prix de l’électricité explosent. Ceux-ci sont victimes des prix records du gaz, conséquence de la réduction de l’approvisionnement de l’Europe par la Russie.
L’Europe accuse alors Moscou d’utiliser l’énergie comme une arme afin de faire pression sur l’Occident. Moscou réfute ces accusations. Gazprom impute ces coupures aux sanctions occidentales et à des problèmes techniques.
En réponse à cette flambée des prix, l’Europe cherche à transformer des systèmes énergétiques. Toutefois, la tâche s’avère titanesque. De fait, il a fallu attendre 20 ans pour voir un commerce transfrontalier des produits énergétiques émerger. Néanmoins, l’UE doit absolument trouver une solution à court terme.
Les prix de l’électricité suivent ceux du gaz
Au sein de l’UE, le prix de gros de l’électricité est fixé par la dernière centrale électrique nécessaire pour répondre à la demande. Ainsi, l’ensemble des producteurs participent au marché de l’électricité. Toutefois, les sources les moins chères arrivent avant les sources plus coûteuses, comme le gaz. C’est la préséance économique.
L’ensemble des producteurs vendent leur électricité au même prix. Ainsi, les producteurs d’énergies renouvelables les moins chères enregistrent une marge bénéficiaire plus importante. Cela incite donc la production d’énergie renouvelable, en accord avec les objectifs climatiques de l’Europe. Cependant, certains pays mettent en cause ce système. L’Espagne, par exemple, trouve le système existant injuste.
La réduction des flux de gaz russe vers l’Europe et une importante concurrence pour acheter du gaz non-russe débouchent sur une flambée des prix. Ainsi, le prix de production d’électricité à partir du gaz augmente. En conséquence, les prix globaux de l’électricité flambent.
En Allemagne, le contrat de référence pour l’électricité pour 2023 atteint un niveau record. Il était de 1.050 €/MWh à la fin du mois d’août. Cette somme est 14 fois plus importante qu’il y a un an, et ce malgré une baisse partielle des prix.
Afin de mieux cerner les raisons de la flambée des prix, d’autres facteurs sont à prendre en compte. D’abord, citons les problèmes rencontrés par les centrales nucléaires en France. Ensuite, les fortes vagues de chaleur ont débouché sur de graves sécheresses à travers l’Europe. En conséquence, la production d’hydroélectricité est réduite. En outre, cela affecte les livraisons de charbon.
Comment L’Europe peut-elle maîtriser la flambée des prix?
Un plafonnement des revenus des producteurs d’électricité?
Ursula von der Leyen annonce que l’UE prépare un plafonnement des revenus des producteurs d’électricité qui ne fonctionnent pas au gaz. De fait, la flambée des prix a permis aux entreprises du secteur, n’utilisant pas de gaz donc, de générer des revenus records. Ainsi, l’objectif est d’utiliser ce plafonnement des prix pour consacrer les revenus à la réduction des factures des consommateurs.
Selon un projet de proposition, le plafond serait de 200 €/MWh. Cela représente donc moins de la moitié des prix de gros actuel de l’électricité en Allemagne. Ainsi, les parcs éoliens, et solaires, les centrales à biomasse, les centrales nucléaires mais aussi les producteurs de charbon seraient concernés.
Ce plafonnement serait appliqué après le règlement des transactions d’électricité, tout comme pour les recettes récupérées. Ainsi, l’UE entend limiter les impacts d’une telle mesure sur les prix du marché européen de l’électricité négocié en Bourse.
D’autres propositions
D’autres propositions sont également attendues. La République tchèque, par exemple, présente également des options. Elle propose de plafonner les prix du gaz importé de certains pays. De plus, elle défend la mise en place d’un plafond pour le prix du gaz utilisé dans la production d’électricité. Enfin, Prague plaide pour découpler le prix de l’électricité de celui du gaz.
Toutes ces options seront discutées vendredi 9 septembre par les ministres de l’énergie de l’UE. Si les propositions sont nombreuses, les ministres devront toutefois parvenir à trouver un terrain d’entente. De fait, les pays de l’UE doivent approuver les mesures avant de pouvoir les mettre en place.
Plafonner les prix, une solution pour contrer la flambée des prix?
Cette idée est au cœur des débats. De nombreux pays européens soutiennent une telle mesure. C’est le cas de la Belgique, de l’Espagne ou encore du Portugal. Certains, comme l’Autriche et l’Allemagne, étaient réticents au départ, semblent se diriger vers cette option.
Outre la question d’un plafonnement des prix pour contrer la flambée des prix, une question plus spécifique devrait être au centre de l’attention: le gaz russe. Ursula von der Leyen entend proposer un plafonnement spécifique pour celui-ci. Ainsi, l’objectif est de réduire les revenus de Moscou. Rappelons que la Russie, malgré les sanctions occidentales, continue d’exporter ses hydrocarbures. De fait, la Russie a engrangé 158 milliards d’euros depuis son invasion de l’Ukraine.
Des réticences
Certains pays de l’UE restent méfiants. Ils craignent des représailles provenant de Moscou. De fait, Vladimir Poutine menace l’Occident. Celui-ci déclare:
« [Plafonner les prix] serait une décision absolument stupide. Nous ne livrerons rien du tout si c’est contraire à nos intérêts, en l’occurrence économiques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon […]. Rien. »
Ainsi, il existe également une autre option pour maintenir la flambée des prix. Les gouvernements pourraient décider de plafonner le prix du gaz et de payer la différence aux compagnies gazières.
Encore une fois, cette option ne fait l’unanimité. L’Allemagne et les Pays-Bas s’y étaient opposés. De fait, une telle option reviendrait à subventionner la production de combustibles publics avec des fonds publics. Or, ces fonds pourraient servir pour développer les énergies renouvelables.
Que risque l’Europe?
La flambée des prix du gaz incite les industries et les ménages à réduire leur consommation. D’ailleurs, les gouvernements l’encouragent. De fait, l’UE réduira sa consommation de gaz de 15%. Ainsi, il s’agit de limiter les risques d’une pénurie alors qu’un hiver rigoureux est attendu.
Or, la mise en place d’un plafonnement des prix du gaz pourrait contrer ces efforts. Selon certaines sources, une telle mesure est susceptible d’encourager une plus grande consommation de gaz.
Ainsi, certains analystes plaident plutôt pour un soutien financier ciblé. Celui-ci doit viser les ménages à faible revenu et les entreprises sévèrement touchées par la flambée des prix.
Aussi, des questions se posent quant à la faisabilité d’un plafonnement du coût de l’électricité produite à partir du gaz: comment encourager les propriétaires de centrales à produire moins d’électricité alors que le pays risque une pénurie?