Le 24 février dernier, une fissure d’une taille encore jamais envisagée a été découverte sur une conduite de secours du réacteur de Penly 1. Elle « s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm », a détaillé l’Autorité de sûreté nucléaire. Cette fissure est « importante » et semble liée à des réparations de soudures non conformes au moment de la construction de la centrale.
Qu’est-ce que la corrosion sous contrainte ?
La corrosion sous contrainte est un phénomène couramment observé dans l’industrie. Elle se produit lorsqu’un matériau se dégrade et se fissure au contact d’un environnement chimique, sur quelques millimètres. Ce phénomène a été détecté en octobre 2021 dans le parc nucléaire d’EDF, à proximité de soudures sur des portions de tuyauterie en acier inoxydable. Cela touche notamment les circuits d’injection de sécurité (RIS), qui servent à envoyer de l’eau borée (contenant de l’acide borique) pour refroidir le réacteur en cas d’accident. Depuis sa détection, EDF s’est aperçu que le problème touchait surtout les réacteurs les plus récents et puissants (1.300 et 1.450 MW), à cause de leurs sections de tuyauteries plus longues, avec plus de soudures, donc plus fragiles.
Pourquoi la fissure de Penly est-elle d’un genre nouveau ?
EDF a révélé dans une note mise en ligne le 24 février un « défaut significatif » sur l’une de ces conduites de secours sur le réacteur de Penly 1, mis en service au début des années 1990. Cette fois, la fissure n’est pas « micro » mais « importante », d’une taille encore jamais envisagée. En outre, elle semble liée à des réparations de soudures non conformes au moment de la construction de la centrale. « Il y a eu une approche qui n’est pas acceptable, qui a consisté un peu à forcer les tuyauteries pour les aligner pour les souder, et il y a eu sur cette soudure des défauts qui ont conduit à une deuxième réparation », a expliqué le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, au Sénat. En outre, elle se situe sur une autre zone de tuyauteries qui jusque-là n’avait pas été considérée par EDF comme sensible à la corrosion sous contrainte.
Comment EDF traite-t-elle le problème ?
EDF a été contrainte d’arrêter plusieurs réacteurs nucléaires pour les contrôler et les réparer en raison d’un phénomène de corrosion. Seize des 56 réacteurs français ont été identifiés comme sensibles à ce problème. Les travaux sont en cours ou prévus en 2023 pour dix d’entre eux. Cette crise industrielle a contribué à faire chuter la production d’électricité nucléaire en 2022 à son plus bas niveau historique, ce qui a creusé les pertes de l’électricien. Bien qu’EDF se soit estimée être « sortie d’une situation de crise » en novembre, la nouvelle fissure de Penly suscite de nouvelles incertitudes.
L’Autorité de sûreté nucléaire a sommé EDF de « réviser sa stratégie » pour résoudre le problème, et la fissure de Penly entraînera la prolongation d’arrêts sur d’autres sites pour des contrôles étendus.