EDF a annoncé la mise en place d’un projet de recyclage de métaux faiblement radioactifs sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. L’objectif de ce nouveau technocentre est de recycler les métaux dits « très faiblement radioactifs », issus du démantèlement de la centrale, afin de les transformer en lingots conventionnels d’acier et de fonte.
Le projet, estimé à environ 450 millions d’euros, nécessite encore plusieurs validations réglementaires et un débat public. EDF prévoit que ce processus de consultation se déroulera du 10 octobre 2024 au 7 février 2025, période pendant laquelle les parties prenantes pourront exprimer leurs opinions et recommandations pour ajuster le projet si nécessaire.
Un projet de revitalisation économique
L’usine devrait permettre de créer 200 emplois directs dans cette région durement touchée par la fermeture de la centrale en 2020, qui a entraîné la perte de 2 000 emplois directs et indirects. Ce projet vise ainsi à redynamiser le territoire, en partenariat avec les collectivités locales et les acteurs industriels de la région. Laurent Jarry, directeur du site EDF de Fessenheim, a souligné que l’usine s’installerait sur une parcelle de 15 hectares, en réutilisant certains bâtiments annexes à la centrale, actuellement en cours de démantèlement.
Le processus de recyclage consisterait à fondre ces métaux pour produire des lingots d’une vingtaine de kilos chacun, qui seraient ensuite commercialisés sur le marché des métaux conventionnels. « Nous comptons nouer des partenariats avec des fondeurs régionaux pour valoriser ces lingots », a précisé M. Jarry.
Défis et régulations à surmonter
Le projet nécessite cependant l’obtention d’une autorisation environnementale ainsi qu’une dérogation au code de la santé publique. Cette dernière est cruciale pour que les métaux recyclés puissent être réutilisés en toute conformité. Selon Jean-Louis Laure, président de la commission du débat public, il existe un certain scepticisme local concernant l’initiative, notamment lié au ressentiment persistant après la fermeture de la centrale.
Les métaux traités par cette future usine seraient principalement des gravats, des terres et des ferrailles issus du démantèlement de sites nucléaires ou d’industries classiques manipulant des matériaux naturellement radioactifs. EDF espère ainsi éviter le stockage à long terme de ces matériaux et offrir une solution de valorisation durable.
Une initiative en réponse aux échecs précédents
La fermeture de la centrale de Fessenheim avait également entraîné la révision à la baisse d’un projet de zone d’activités censé compenser ces pertes d’emplois, virant finalement au fiasco. La société d’économie mixte créée pour accompagner ce plan de reconversion n’a pas réussi à aboutir, faute de soutien politique et économique suffisant. EDF souhaite aujourd’hui éviter ces erreurs avec une démarche plus structurée et mieux concertée.
Le débat public permettra d’évaluer l’impact industriel, économique et sanitaire de ce technocentre sur la région. Bien que le projet soit encore à un stade préliminaire, les enjeux liés à la gestion des déchets faiblement radioactifs en France, ainsi que le besoin de revitalisation de l’économie locale, rendent cette initiative stratégique pour le groupe.