Efforts et objectifs des projets bas-carbone
Le Canada intensifie ses efforts pour devenir un exportateur clé d’hydrogène et de ses dérivés, tels que l’ammoniac bas-carbone, en vue de répondre à la demande croissante en Asie et en Europe. Ces initiatives s’inscrivent dans la stratégie nationale d’investissements pour promouvoir les énergies propres. À l’instar des projets de gaz naturel liquéfié (GNL), les projets liés à l’ammoniac s’appuient sur des incitations fiscales telles que les crédits d’impôt pour l’hydrogène. L’objectif est de stimuler des flux commerciaux bas-carbone tout en remplaçant des sources d’énergie plus polluantes.
Contrairement à l’hydrogène pur, l’ammoniac est privilégié pour sa flexibilité d’intégration dans les infrastructures existantes. Un producteur américain a ainsi souligné que l’ammoniac offre une meilleure viabilité logistique, réduisant les incertitudes liées à la mise en place de nouveaux réseaux de pipelines dédiés à l’hydrogène.
Défis logistiques et réglementaires
Malgré son potentiel, l’ammoniac bas-carbone fait face à d’importants obstacles logistiques, notamment en matière de transport ferroviaire. Les règles actuelles de Transport Canada limitent la circulation des trains d’ammoniac sur de longues distances, compliquant ainsi la livraison des produits vers des ports comme celui de Prince Rupert, en Colombie-Britannique. Les discussions entre les gouvernements provinciaux et l’industrie cherchent à surmonter ces barrières, mais les délais pourraient être longs.
Les coûts d’assurance liés au transport ferroviaire d’ammoniac aggravent ces difficultés, freinant l’accès aux marchés asiatiques pour les producteurs de l’Ouest canadien. Ces contraintes rappellent les défis rencontrés par les projets de GNL, qui ont souvent été retardés par des problèmes de réglementation et des oppositions environnementales.
Viabilité économique et comparaison internationale
En termes de compétitivité, les projets canadiens tirent parti de coûts d’approvisionnement en gaz naturel relativement faibles et de routes maritimes courtes vers l’Asie, contournant des infrastructures coûteuses comme le canal de Panama. Cependant, ces avantages sont compensés par des dépenses élevées en pipelines nécessaires pour relier les sites de production aux ports.
Des évaluations récentes indiquent que l’ammoniac bas-carbone, notamment la variante dite « bleue » qui intègre le captage et stockage de carbone, reste compétitif par rapport aux projets américains du Golfe du Mexique. Platts a évalué le prix de l’ammoniac bleu sur la côte américaine à 527,50 $/t FOB (Free on Board), mettant en évidence des marges serrées face aux coûts logistiques au Canada.
Perspectives et enjeux politiques
La dynamique politique actuelle au Canada, combinée aux incertitudes autour des élections fédérales à venir, pourrait ralentir davantage les avancées sur les discussions réglementaires. Les projets d’ammoniac de l’Ouest canadien, bien que prometteurs, risquent de subir les mêmes écueils que les initiatives de GNL : des retards liés aux autorisations environnementales et des débats autour des droits territoriaux des Premières Nations.
Malgré ces obstacles, les acteurs du secteur restent optimistes quant à la capacité du Canada à s’imposer comme un fournisseur clé d’ammoniac bas-carbone pour l’Asie. Des solutions innovantes, combinées à un dialogue accru avec les parties prenantes, seront nécessaires pour surmonter ces défis.