La Russie décidait, la semaine dernière, de réduire ses flux de gaz en direction de l’Europe. De facto, les plus gros acheteurs de gaz russe en Europe s’empressent de trouver d’autres sources d’approvisionnement. Une alternative serait de brûler davantage de charbon pour éviter la menace d’une crise énergétique en hiver si les réserves ne sont pas réapprovisionnées. De son côté, la Russie jette la responsabilité de la situation sur l’Europe.
Le retour des centrales à charbon en Europe
Certains pays signalent que les centrales thermiques à charbon pourraient aider l’Europe à traverser une crise énergétique. Cette dernière fait grimper les prix du gaz de manière significative et ajoute un défi aux décideurs politiques confrontés à l’inflation. Ainsi, le contrat de gaz néerlandais à un mois, référence en Europe, s’échangeait autour de 124€/MWh lundi. C’est une hausse de 300% par rapport à son niveau d’il y a un an.
Tout d’abord, le gouvernement néerlandais déclarait qu’il comptait supprimer le plafonnement de la production des centrales à charbon. L’objectif est de préserver le gaz. C’est l’activation de la première phase d’un plan de crise énergétique. Cette posture se fait compte tenu des mesures prises par Gazprom de réduire l’approvisionnement en gaz en Europe.
Ensuite, l’Italie se rapproche de la déclaration de l’état d’alerte sur le gaz. Cette déclaration fait suite à une nouvelle décision de Gazprom. La compagnie russe annonce réduire l’approvisionnement en gaz d’Eni. Cette décision déclencherait des mesures visant à réduire la consommation du gaz et accélérerait la production dans les centrales thermiques à charbon.
Enfin, l’Allemagne annonce son plan pour augmenter les niveaux de stockage de gaz. Le pays déclarait qu’il pourrait redémarrer les centrales thermiques au charbon alors qu’il avait l’intention de l’éliminer progressivement.
Une réponse face à la baisse des flux de gaz
Premièrement, les flux de gaz russe vers l’Allemagne fonctionnaient à environ 40% de leur capacité lundi. C’est le gazoduc Nord Stream 1 qui approvisionne la plus grande économie d’Europe. L’Ukraine estime que ses pipelines pourraient contribuer à combler tout déficit d’approvisionnement via Nord Stream 1. Malgré tout, la Russie pense qu’elle ne pourrait pas pomper davantage par les pipelines que l’Ukraine n’a pas déjà fermés.
Deuxièmement, Eni et la compagnie allemande Uniper figurent parmi les entreprises en Europe qui déclarent recevoir des volumes de gaz russe inférieurs à ceux prévus dans leurs contrats. Il convient de dire que les stocks de gaz en Europe se remplissent, mais plus lentement. Ils sont à environ 54% lundi alors que l’UE se fixe pour objectif de les remplir à 80% en octobre et à 90% en novembre.
Troisièmement, le PDG du plus grand producteur d’électricité d’Allemagne donne son avis sur cette crise énergétique en Europe. Il estime que les prix de l’électricité pourraient mettre trois à cinq ans avant de retomber à des niveaux plus bas. Ainsi, le ministère allemand de l’économie souligne que la remise en service de centrales au charbon pourrait ajouter jusqu’à 10 GW au cas où l’approvisionnement en gaz atteindrait des niveaux critiques. En outre, RWE expliquait qu’elle pourrait prolonger l’exploitation de trois centrales au lignite de 300 MW si nécessaire.
Les critiques de la Russie sur les sanctions
En début de semaine, la Russie a réitéré ses critiques envers l’Europe. Moscou estime que la situation actuelle relève de la responsabilité de l’Union européenne.
La semaine dernière, la société publique russe Gazprom réduisait la capacité de Nord Stream 1. Elle invoquait le retour tardif d’équipements entretenus par la société allemande Siemens Energy pour justifier sa décision. La déclaration du porte-parole du Kremilin, Dmitri Peskov va dans ce sens:
» Nous avons du gaz, il est prêt à être livré en Europe. Cependant, les Européens doivent rendre les équipements. Ils devraient être réparés conformément à leurs obligations. «
Néanmoins, des responsables allemands et italiens pensent que la Russie utilise ce prétexte pour réduire ses livraisons.