L’Europe multiplie les mesures pour protéger son industrie alors que les prix du gaz flambent. Ainsi, les gouvernements européens mettent en place des mesures de plusieurs milliards d’euros. Ils entendent protéger les services publics mais aussi les ménages, fortement impactés par la flambée des prix de l’énergie.
Les économies européennes subissent de plein fouet la crise énergétique. De plus, la fermeture de Nord Stream 1 pour une durée indéterminée a provoqué une nouvelle onde de choc pour ces dernières.
De fait, la nouvelle annonce de Gazprom pourrait déboucher sur une nouvelle hausse des prix du gaz. C’est d’ailleurs déjà le cas. Le prix de référence du gaz a bondi de 35% suite à cette annonce. De plus, l’euro a atteint son niveau le plus bas en 20 ans.
En conséquence, en Europe, les distributeurs d’électricité traversent des difficultés. Ils font face à plusieurs obstacles dont la hausse du prix du gaz de 400% par rapport à l’année dernière et des plafonds limitant les prix de vente.
L’Europe cherche à protéger son industrie face à la flambée des prix
Ainsi, les programmes visant à soutenir l’industrie se multiplient. Par exemple, la Finlande devrait offrir $10 milliards de garanties de liquidité aux compagnies d’électricité du pays. Idem pour la Suède, avec $23 milliards.
Sanna Marin, Première ministère de la Finlande, explique:
« Le programme du gouvernement est une option de financement de dernier recours pour les entreprises qui seraient autrement menacées d’insolvabilité. »
Nombreuses sont les entreprises qui rencontrent des difficultés pour trouver des liquidités. De fait, les entreprises de services publics vendent généralement de l’électricité à l’avance afin de garantir un certain prix. Toutefois, elles doivent maintenir un dépôt de « marge minimale » en cas de défaillance. Or, ce dernier explose avec la flambée des prix de l’énergie.
Les sanctions occidentales, responsables de la crise énergétique?
C’est ce qu’affirme le Moscou. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, déclare:
« Les problèmes d’approvisionnement en gaz sont apparus en raison des sanctions imposées à notre pays par les États occidentaux, notamment l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il n’y a pas d’autres raisons qui conduisent à des problèmes d’approvisionnement. »
De son côté, l’Occident accuse Moscou d’utiliser le gaz comme une arme de guerre. Ainsi, le G7 entend instaurer un plafonnement des prix du pétrole russe. En réaction à cette annonce, Dmitri Peskov affirme que Moscou ripostera si cette annonce se concrétise.
Face à la réduction du flux de gaz russe vers l’Europe, le Vieux continent cherche des alternatives. Ainsi, elle cherche à diversifier son approvisionnement en gaz et à remplir ses installations de stockage avant l’hiver.
De plus, les problèmes d’approvisionnement en Europe impactent fortement l’industrie. C’est le cas d’Uniper, le géant allemand du gaz. Malgré un plan de sauvetage comprenant une extension de la ligne de crédit en juillet, l’entreprise demande, fin août, de nouvelles aides.
En Allemagne, Uniper n’est pas la seule entreprise dans cette situation. Ainsi, le gouvernement déclare qu’il dépensera au moins 65 milliards d’euros pour protéger les consommateurs, mais aussi l’industrie du pays. En parallèle, l’Allemagne maintient deux centrales nucléaires en veille jusqu’en 2023 afin d’éviter une pénurie cet hiver.
De plus, suite à un appel entre E. Macron et O. Scholz, le président français s’est engagé à soutenir l’Allemagne dans le cadre d’une coopération européenne. Il déclare:
« L’Allemagne a besoin de notre gaz et nous avons besoin de l’électricité du reste de l’Europe, notamment de l’Allemagne. »
De son côté, l’Ukraine demande à l’UE de lui livrer des armes. Le Premier ministre, Denys Shmyhal, propose aussi d’aider l’Europe quant à son approvisionnement gazier.
En Europe, l’industrie craint une récession
En Europe, l’industrie est donc fortement impactée par cette crise énergétique qui se prolonge. Ainsi, certaines industries sont forcées de réduire leur production. C’est principalement le cas des industries consommant beaucoup d’énergie, comme les fabricants d’engrais. Par exemple, Yara a réduit sa production d’ammoniac.
Pour limiter les impacts, les États européens mettent en place des mesures d’urgence. Certaines pourraient déboucher sur un rationnement de l’énergie, alimentant alors les craintes d’une récession.
Klaus-Dieter Maubach, directeur général d’Uniper, s’inquiète:
« Nous ne pouvons pas exclure que l’Allemagne envisage de rationner le gaz. »
De fait, l’Allemagne installe des terminaux de GNL. Ainsi, elle pourra diversifier ses importations. Toutefois, ceux-ci ne sont pas encore en place. Le pays a d’ores et déjà lancé la deuxième phase de son plan d’urgence sur le gaz. La prochaine phase, la troisième et la dernière, serait probablement synonyme d’un rationnement de l’industrie.
Plusieurs facteurs sont également à prendre en compte. Les économies européennes se remettent à peine de la pandémie de COVID-19. Ainsi, avant même la guerre en Ukraine, le marché mondial du GNL était sous tension.
L’Europe cherche alors de nouveaux partenaires. En Europe, la Norvège injecte plus de gaz sur les marchés européens. Toutefois, le pays ne peut pas remplacer la Russie. D’autres prises existent. Par exemple, le GNL américain afflue en Europe. Géographiquement plus proche, l’Algérie est vue comme un partenaire « fiable » selon le président du Conseil européen.
Les ministres de l’Énergie de l’UE doivent se réunir le 9 septembre. Ils chercheront alors des solutions pour limiter la flambée des prix. Plusieurs pistes sont envisagées comme le plafonnement des prix du gaz ou encore des lignes de crédit d’urgence pour les acteurs du marché.