L’Europe souhaite développer le marché de l’hydrogène pour répondre à ses objectifs de décarbonisation. S&P Global Platts analyse, via le modèle E10, les changements qu’apportera la stratégie de l’Union Européenne sur le marché énergétique.
Analyse de la demande en Europe
L’Union Européenne donne un rôle central au dihydrogène dans sa stratégie de décarbonisation profonde de l’économie. Celui-ci permettra de diminuer grandement les émissions de carbone dans des secteurs encore très émetteurs.
Par conséquent, S&P Global Platts Analytics souhaite modéliser l’offre et la demande en hydrogène de 10 pays européens (E10) d’ici à 2050. Le modèle souhaite refléter le potentiel réel des sujets étudiés en s’appuyant sur leurs infrastructures et leurs différentes capacités.
Transport et usage personnel
Même dans le pire scénario, le modèle E10 anticipe une réduction des émissions carbone de 7,5% d’ici à 2050. En outre, l’implantation du dihydrogène n’est pas homogène à travers l’économie et cette baisse varie en fonction des secteurs.
Le passage à l’hydrogène en Europe va principalement bénéficier au camionnage commercial, à la production d’électricité et au chauffage résidentiel/commercial. Les secteurs du transport et l’usage personnel (incluant les émissions des raffineries) représentent ainsi 60% de la décarbonisation dans le scénario E10.
Hausse des EnR, baisse des combustibles fossiles
Au total, la consommation de combustibles fossiles devrait diminuer de 517.000 bep/j d’ici à 2050. En parallèle, la demande d’énergie issue des énergies renouvelables connaitra une hausse de quelques 813.000 bep/j sur la même période.
À noter, une hausse de 80.000 bep/j pour le gaz naturel au cours de la première décennie du scénario. Cela est dû à l’augmentation de la demande d’hydrogène produit à partir de combustibles fossiles couplés à des CCUS. Lorsque le cycle de production de l’hydrogène s’appuiera sur une génération renouvelable, la part du gaz naturel diminuera.
Au total, la demande existante en hydrogène des dix pays d’Europe modélisés serait de 7 millions de tonnes. Elle est concentrée dans le raffinage du pétrole et la production d’ammoniac pour l’engrais. Le passage de l’hydrogène produit par vaporeformage de méthane à celui produit à faible intensité carbonique décarbonisera ces secteurs.
Les gouvernements prennent le tournant de l’hydrogène :
- France : 7 milliards d’euros d’investissement pour déployer une capacité de production d’hydrogène par électrolyse de 6,5 GW. 2 milliards d’euros disponibles dès 2021/2022.
- Allemagne : 7 milliards d’euros d’investissement dans les entreprises et la recherche nationale en mettant l’accent sur l’hydrogène vert. L’Allemagne prévoit de posséder une capacité de production décarbonée d’hydrogène de 5 GW d’électrolyse d’ici à 2030. 5 GW supplémentaires d’ici à 2035-2040.
- Pays-Bas : Le pays prévoit de construire des électrolyseurs de 500 MW d’ici à 2025, et posséder 3-4 GW de capacité de production d’ici à 2030.
- Espagne : un plan en 60 points existe ayant pour objectif de développer 4 GW de capacité de production à horizon 2030. Un système de garanties d’origine y est également détaillé. Ce plan représente un investissement de 8,9 milliards d’euros sur 10 ans.
- Royaume-Uni : le pays prévoit d’avoir une capacité de production de 5 GW d’ici à 2030.
- Portugal : le plan national comprend un objectif électrolyse de 2-2,5 GW en 2030, portés à 5 GW en 2050. Le pays prévoit aussi que l’hydrogène comptera pour 10-15% du réseau gazier en 2030, et jusqu’à 75-80% en 2050.
- Italie : 5 GW d’électrolyse prévus à horizon 2030. À cette date, l’Italie a pour objectif que l’hydrogène représente 2% de la demande énergétique totale.
- Autriche : le gouvernement autrichien prévoit 500 millions d’euros d’aides pour les projets d’hydrogène vert d’ici à 2030.