Publié ce lundi 30 mai, un rapport de Wood Mackenzie (Woodmac) illustre les problématiques liées au solaire en Europe. Selon les conseillers énergétiques britanniques, l’énergie solaire « a un rôle crucial à jouer dans la transition énergétique européenne. » Cependant, plusieurs problématiques doivent être clarifiées afin de démocratiser l’installation et l’exploitation de ces technologies.
L’Europe, second marché mondial du renouvelable
Dans un premier temps, l’Europe cherche à obtenir son indépendance énergétique par les énergies renouvelables. Selon un rapport publié en mai 2022 par l’International Energy Agency (IEA), le vieux continent est le second marché mondial du renouvelable. En 2021, la région observait une augmentation d’environ 50 GW de capacité énergétique.
Pour l’énergie solaire, la dynamique est semblable. Sur les deux prochaines années, l’augmentation de la capacité photovoltaïque devrait avoisiner les 55 GW cumulés. Cette prévision place cette zone devant les États-Unis et l’Inde, mais elle reste loin derrière les ambitions chinoises.
Cette volonté de développement énergétique par le renouvelable traduit deux situations. Premièrement, les objectifs écologiques et la transition énergétique vont évidemment dans ce sens. Ensuite, les problématiques soulignées par la guerre en Ukraine marquent l’importance des puissances étrangères, dont la Russie, dans l’énergie en Europe.
Des efforts restent à fournir
Si les ambitions sont visibles, elles restent dépendantes des compétences du secteur en termes de construction et de déploiement des infrastructures relatives. Selon Woodmac, l’Europe doit se développer rapidement tout en naviguant dans un environnement difficile où les coûts sont élevés. Cette agilité lui permettra de profiter au maximum de la demande croissante dans le secteur solaire.
Pour y répondre, certaines initiatives sont mises en place par l’Union Européenne. Par exemple, le programme REPowerEU compte développer 420 GW de capacité solaire supplémentaire d’ici à 2030. Par ailleurs, le conflit russo-ukrainien a un impact certain sur le développement de ce secteur. Ainsi, Woodmac analyse cet impact par une hausse des prix des produits essentiels au développement du solaire.
Dans un rapport publié le 25 mai, Wood Mackenzie livre sa perception de l’impact du conflit sur le marché. Pourtant élogieux sur l’avenir du solaire européen, le cabinet annonçant des chiffres record pour 2022, le constat présenté est celui-ci :
“Si la crise humanitaire en cours est le sujet central, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a également un impact réel sur le paysage énergétique. Il ne fait aucun doute que les marchés solaires ukrainien et russe souffriront gravement en 2022, et l’effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur pourrait modifier nos prévisions mondiales dans les mois à venir.”
La hausse des coûts met la pression sur les nouveaux projets solaires
Basé sur les informations du Solar Data Hub de Woodmac, le dossier publié analyse l’impact de la hausse des prix des principales matières premières. Il est baptisé « Matières premières solaires : un véritable défi pour l’Europe sur la voie de la neutralité carbone « . Par exemple, ce rapport met en avant les coûts plus importants de matériaux tels que le polysilicium, l’argent, l’aluminium, le verre, l’acier et le cuivre.
Une augmentation qui s’ajoute à la demande de plus en plus forte d’installations. Woodmac met en avant une évolution difficile de ces données sur l’année dernière. Par exemple, le prix du polysilicium, indispensable pour produire des plaquettes de silicium cristallin, a triplé depuis janvier 2021.
Parallèlement, le coût du verre ultra-clair antireflet subit la pression de la hausse des prix du gaz naturel et de l’étain. Ce matériau est largement utilisé pour couvrir les modules solaires. En outre, le prix d’autres produits essentiels, comme l’aluminium, l’acier galvanisé et le cuivre, a connu une hausse de 30 % en 2021.
La forte demande, autre problématique de l’Europe solaire
L’imprévisibilité des derniers mois a amené les grandes puissances européennes à se soucier plus activement des énergies renouvelables. Le conflit visible en Europe de l’Est n’est pas le seul évènement perturbateur. Le Covid-19 a aussi largement joué sur les installations et développements de produits solaires locaux.
Les facteurs déterminants de ce frein à la promotion de ce secteur semble même nombreux. Par exemple, la reprise rapide de la demande et à la flambée des taux de fret s’additionnent à ceux cités précédemment. Ils auraient entraîné une hausse des prix des modules solaires de plus de 20 % pour la seule année 2021.
Si la situation actuelle persiste, l’augmentation des coûts d’investissement pourrait entraîner le report ou l’annulation de projets. En outre, si les défis ne sont pas prochainement résolus, Woodmac déclare que cela « étoufferait le développement solaire européen. » Le cabinet de conseil énergétique britannique développe son propos avec des données plus concrètes :
« La production annuelle actuelle de polysilicium en Europe suffit pour obtenir environ 16 GW. La quasi-totalité de cette quantité est produite en Allemagne par la société Wacker Chemie. Or, c’est moins de la moitié de ce qui est nécessaire pour répondre à la demande d’installations solaires en Europe. Sa capacité de production de lingots et de plaquettes, qui n’est que de 1,5 à 2 GW, la limite. En 2021, l’Allemagne exportait la quasi-totalité de sa production de polysilicium vers la Chine. »