Le réacteur EPR de Flamanville, situé dans la Manche, redémarre après un arrêt automatique survenu mercredi dernier. Cet incident, lié à une erreur humaine lors des tests post-divergence, déclenche un ordre d’arrêt automatique du réacteur. EDF précise que l’événement n’est pas lié à un problème matériel mais à une mauvaise configuration des systèmes de contrôle électronique. Cette situation, bien que regrettable, reste courante dans la phase de mise en service des réacteurs nucléaires, où la précision des procédures est essentielle.
L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) confirme que l’arrêt résulte d’un non-respect du mode opératoire. Ce genre d’incident, selon Karine Herviou de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), montre que les dispositifs de sécurité fonctionnent comme prévu, stoppant le réacteur lorsqu’une anomalie est détectée. Le réacteur est actuellement stabilisé à 0,2 % de puissance, et les équipes poursuivent les essais nécessaires à la préparation de son couplage au réseau électrique, attendu d’ici la fin de l’automne.
Avancées et obstacles techniques
Le chantier de l’EPR de Flamanville, lancé il y a plus de quinze ans, connaît de nombreux retards et dépassements de budget. Initialement estimé à 3,3 milliards d’euros, le coût est maintenant réévalué à 13,2 milliards d’euros. Le projet, qui accuse douze ans de retard, fait face à des défis techniques récurrents. Chaque étape de montée en puissance s’accompagne d’une série de vérifications et de tests pour s’assurer de la sécurité et de l’efficacité du réacteur.
EDF reconnaît que des aléas techniques, y compris des arrêts automatiques, peuvent encore survenir avant d’atteindre la pleine capacité. Les réacteurs de cette envergure, surtout lorsqu’il s’agit d’une première mise en service après plusieurs décennies, sont souvent confrontés à des défis imprévus nécessitant des ajustements techniques en temps réel. La procédure de montée en puissance, segmentée en paliers, permet une gestion graduelle et contrôlée de ces défis.
Stratégie de relance du nucléaire en France
Le redémarrage de l’EPR de Flamanville s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement de la production d’énergie nucléaire en France. En 2022, le président Emmanuel Macron annonce la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, une version optimisée de l’EPR, avec la possibilité de huit réacteurs supplémentaires à l’avenir. Cette stratégie vise à sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays tout en répondant aux besoins de renouvellement du parc nucléaire existant.
Le parc nucléaire français, avec ses 56 réacteurs en fonctionnement, nécessite des investissements importants pour maintenir sa capacité de production et anticiper la fermeture des réacteurs les plus anciens. L’EPR de Flamanville, avec ses 1 600 MW de puissance prévue, représente un ajout stratégique majeur dans ce contexte. Sa capacité de produire de l’électricité pour environ deux millions de foyers en fait une pièce maîtresse de cette relance.
Perspective d’intégration au réseau électrique
Le réacteur de Flamanville se rapproche de sa phase de connexion au réseau. La première divergence, réalisée mardi dernier, marque le début d’un processus de montée en puissance par étapes. Pour le moment, l’objectif est d’atteindre 25 % de puissance, seuil nécessaire pour coupler le réacteur au réseau d’ici la fin de l’automne. Cependant, les expériences précédentes suggèrent que des ajustements et des retards restent possibles.
L’EPR de Flamanville est le quatrième réacteur de ce type construit dans le monde et le plus puissant de France. Son démarrage, malgré ses obstacles, reste un élément central du paysage énergétique français, et son succès ou ses échecs influenceront les futurs projets nucléaires. Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer la viabilité de ce type de réacteur et les ajustements nécessaires pour les projets à venir.