Sur le secteur des énergies renouvelables, deux entreprises font figure de référence en ayant investi sur le marché bien avant tout le monde. L’italien Enel et l’espagnol Iberdrola font en effet aujourd’hui figure de référence. De fait, elles semblent suffisamment armées pour faire face à l’arrivée des géants du secteur pétrolier sur ce marché.
Enel et Iberdrola : leaders mondiaux des énergies renouvelables
Enel et Iberdrola font aujourd’hui partie des leaders dans le domaine des énergies renouvelables. Cette position s’explique par des décisions précoces d’achat de réseaux électriques et de construction d’usines de production d’énergies renouvelables. Ces deux mastodontes se positionnent depuis des années pour la transition vers des énergies plus propres. Et ce, en pariant sur la disparition des combustibles fossiles.
« La transition énergétique a fait partie de ma vie », a déclaré Francesco Starace, Directeur Général d’Enel. « Il n’y a pas eu de moment Eurêka pour nous. Nous avons simplement dit que c’était trop stupide pour continuer comme ça encore des années. »
Les entreprises ont également misés sur l’installation de capacités d’énergie renouvelable sur des marchés clés comme les États-Unis (USA) ou l’Amérique latine.
Intérêts grandissants des investisseurs
La transition des deux entreprises vers les énergies renouvelables a permis de faire grimper leurs bénéfices et le prix de leurs actions. Désormais, les investisseurs délaissent les valeurs pétrolières pour investir dans des entreprises qui disposent de l’assise financière et des compétences pour mener à bien la transition énergétique. À l’image d’Enel et d’Iberdrola qui ont pu générer d’importantes liquidités et des dividendes malgré la pandémie de covid-19.
Les réseaux électriques : un avantage concurrentiel de poids
Selon le cabinet de conseil Rystad Energy, Enel et Iberdrola disposent d’un avantage important que les grandes compagnies pétrolières auront du mal à égaler : des activités florissantes dans le domaine des réseaux électriques. En effet, près de la moitié des revenus d’Enel et d’Iberdrola proviennent de millions de kilomètres de lignes électriques. Ces dernières transportent de l’électricité en Europe, aux USA et en Amérique latine.
Javier Suarez, responsable du bureau services publics chez Mediobanca à Milan explique :
« Les réseaux sont l’épine dorsale de la transition énergétique. Les posséder signifie un flux de trésorerie régulier et un risque d’investissement moindre. »
Comment absorber les flux d’énergies fossiles à prix concurrentiels ?
Les réseaux construits pour absorber les flux d’énergie des centrales à combustibles fossiles doivent maintenant faire l’objet d’investissements massifs. En effet, ils doivent désormais s’adapter à la production d’électricité à partir de sources telles que les panneaux solaires installés sur les toits. Selon les analystes, il faudra augmenter de 200% les dépenses consacrées à ces infrastructures énergétiques.
Enel déploie 150 milliards d’euros pour réduire son empreinte carbone
Les opérateurs historiques comme Enel et Iberdrola sont les candidats les plus susceptibles de fournir ces capitaux. En novembre, Enel a déclaré qu’elle dépenserait 150 milliards d’euros pour réduire ses émissions de carbone de 80 % d’ici à 2030. L’entreprise veut également tripler ses capacités d’énergies renouvelables à 120 GW. Les réseaux électriques absorbent ainsi près de la moitié de l’investissement global. De son côté, Iberdrola a affecté plus d’un tiers de ses plans de dépenses aux réseaux, principalement aux USA.
Ces sommes éclipsent les montants que les grandes compagnies pétrolières européennes ont promis de consacrer à leurs activités naissantes dans les énergies renouvelables.
Des PDG qui croient aux énergies renouvelables
Francesco Starace : d’EGP à DG d’Enel Group
Avant de rejoindre Enel, M. Starace poussait déjà les entreprises accrochées au pétrole et au charbon à passer à des turbines à gaz moins polluantes.
« J’ai aimé le côté durable des énergies renouvelables, le fait que l’on continue à réutiliser la même énergie provenant du soleil. »
Le tournant pour Enel a été la création d’Enel Green Power (EGP) en 2008. M. Starace a été chargé de gérer EGP comme une entreprise indépendante qui ne dépendait pas des généreuses incitations du gouvernement. Lorsque M. Starace est devenu DG d’Enel Group en 2014, il a racheté la partie d’EGP cotée en bourse afin de conserver pleinement ce moteur de croissance.
Ignacio Galan, visionnaire des énergies renouvelables
Le DG d’Iberdrola, Ignacio Galan, s’est détourné du charbon et du pétrole lorsqu’il a pris la tête de la compagnie espagnole en 2001. Il a commencé à fermer des centrales au fioul. Puis, il a fermé les deux dernières centrales au charbon de la société en 2020. Dans le même temps, il a augmenté les dépenses pour la construction de centrales renouvelables de 352 millions d’euros en 2001 à plus d’un milliard d’euros en 2004.
215 GW d’énergies renouvelables d’ici 2030
Les deux entreprises visent désormais une capacité en énergies renouvelables de 215 GW d’ici 2030. Selon une estimation du cabinet Wood Mackenzie, une telle capacité permettrait d’alimenter 150 millions de foyers européens. Ainsi, les « Big Oil » ont un long chemin à parcourir pour rattraper ces géants des énergies renouvelables en termes de capacité. D’ici 2035, les analystes estiment qu’Enel sera toujours le leader, suivie, de près, par Iberdrola.