articles populaires

Énergie Solaire en Chine: les Forçats du Xinjiang

Partagez:

Le commerce de l’énergie solaire en Chine devrait être impacté. En ce sens, suite à ce rapport, les autorités américaines et de l’Union Européenne (UE) se sont engagées à empêcher l’entrée de produits issus du travail forcé sur leurs territoires. L’impact pourrait être important sur le marché des panneaux solaires dont la production pourrait, à terme, être rapatriée en Occident.

 

L’énergie solaire en Chine : soupçons de travailleurs forcés

Sur la production d’énergie solaire en Chine, le rapport d’Horizon Advisory affirme que des travailleurs pauvres auraient été déplacés de force dans le Xinjiang afin de travailler à la production du polysilicium. Ce minerai de silicium est un composant clé des cellules de la plupart des panneaux solaires. 95% d’entre eux les utilisent et 45% de sa production mondiale est issue du Xinjiang.

 

JinkoSolar, LONGi et Daqo New Energy seraient impliqués

Des multinationales chinoises participant au développement du solaire en Occident sont cités dans le rapport. Ainsi JinkoSolar, LONGi et Daqo New Energy sont présentés comme entretenant des liens étroits avec le Corps de production et de construction du Xinjiang (XPCC). Cette organisation gouvernementale, déjà sous sanctions américaines, est connue pour organiser la répression des populations ouïghours.

Le XPCC fournirait également aux entreprises du solaire des subventions et des travailleurs provenant de « camps de formation ». Ce terme est étant utilisé par les autorités chinoises pour parler des camps de rééducation politique des dissidents ouïghours. 1,3 million de ouïghours, principalement originaire du Xinjiang, passeraient chaque année dans ces camps.

 

Le « mensonge du siècle »

Le ministère des Affaires étrangères chinois dément fermement toutes allégations de travail forcé. JinkoSolar et Daqo ont également rapidement nié avoir recours à ce genre de pratiques. L’Association chinoise de l’industrie photovoltaïque a, elle, qualifié les accusations américaines sur les violations des droits de l’Homme au Xinjiang de « mensonge du siècle ».

 

Condamnation unanime des entreprises occidentales

« Le travail forcé n’a pas sa place dans l’industrie solaire » déclare la Solar Energy Industries Association (SEIA) .

La SEIA, qui représente les entreprises américaines dans le solaire, dit prendre le rapport très au sérieux. Dans une déclaration du 8 janvier 2021, elle réaffirme son opposition aux violations des droits de l’Homme. Par la même, encourage les entreprises à déplacer leurs chaînes d’approvisionnement hors du Xinjiang. Une déclaration commune de l’organisation a été signée par 175 de ses membres, dont les filiales américaines de JinkoSolar et LONGi.

 

Les entreprises européennes encouragées à définir des protocoles de production

« Nous ne pouvons accepter que de telles pratiques aient lieu dans le secteur solaire » déclare Walburga Hemetsberger, PDG de SolarPower Europe.

SolarPower Europe représente les entreprises européennes du secteur de l’énergie solaire. Il a annoncé qu’il enquêtait sur la situation au Xinjiang. Il a affirmé envisager différentes options pour s’assurer qu’aucun travail forcé ne soit utilisé pour la fabrication des panneaux solaires. L’organisation recommande notamment la définition de protocoles de transparence et de traçabilité avec les acteurs chinois.

 

Une réaction en demi-teintes des organisations occidentales

Les États-Unis ont déjà réagi à la situation dans le Xinjiang. Le gouvernement américain a ainsi émis des ordonnances interdisant les importations de coton et de tomate de la région. De manière générale, la loi américaine permet aux douanes de refuser une marchandise fruit du travail forcé. En revanche, il est nécessaire d’en apporter la preuve.

Mais aujourd’hui, le Congrès américain veut une nouvelle loi reversant la charge de cette preuve. En somme, seules les marchandises issues du Xinjiang pour lesquelles il sera démontré qu’aucun travail forcé n’a été utilisé pourront entrer aux États-Unis.

406 voix pour et 3 contre à la Chambre des représentants pour ce Uyghur Forced Labor Prevention Act. Compte tenu du consensus entres démocrates et républicains, le texte devrait être adopté par le Sénat et entrée en vigueur dans les mois à venir. Les États-Unis exhorte alors l’Europe de leur emboîter le pas et à interdire les importations de produits du Xinjiang.

 

Réaction plus ambiguë de l’Union Européenne : responsabiliser l’acheteur

« La pression s’accumule sur la Commission et les États membres », remarque le président de la Chambre de commerce de l’UE en Chine, Joerg Wuttke.

Ce dernier s’attend à ce que l’Europe intensifie, elle aussi, son contrôle sur les produits du Xinjiang. Pour autant, l’UE, qui a signé un Accord global sur les investissements avec la Chine en décembre dernier, a une position plus ambiguë que les États-Unis.

La Commission Européenne (CE) planche sur une nouvelle réglementation prévoyant le contrôle des marchandises chinoise. Celle-ci serait fondée sur le devoir de diligence des entreprises européennes. Le texte rendrait ces dernières responsables lorsque leurs fournisseurs enfreindraient les traités internationaux sur le droit du travail signés par la Chine.

Mais les défenseurs des droits de l’Homme et les entreprises doutent de la pertinence de cette mesure. Ils pointent la facilité avec laquelle l’origine du polysilicium peut être cachée. Des dilutions de la production du Xinjiang dans la production d’autres régions sont déjà avérée.

De nombreux eurodéputés souhaitent donc que la CE aille plus loin, compte tenu de la gravité de la situation au Xinjiang. La Commission des affaires juridiques du Parlement a ainsi demandé à la CE de proposer un règlement analogue au projet de loi américain.

Pour le Bundestag allemand, les traitements chinois sur les ouïghours de génocide sont même qualifié d’actes génocidaires.

 

Quelles conséquences pour le développement de l’énergie solaire en Occident ?

La croissance du solaire a été spectaculaire ces dernières années. Elle est liée, entre autres, à la chute du coût des panneaux solaires ainsi qu’à des politiques publiques encourageantes. Mais le travail forcé, s’il est avéré, risques d’avoirs des conséquences importantes sur le secteur.

 

Concentration de la fabrication des panneaux solaires en Chine

Le Uyghur Forced Labor Prevention Act américain vise les produits fabriqués au Xinjiang, même en partie.

« Presque tous les modules solaires à base de silicium sont susceptibles de contenir du silicium du Xinjiang. » fait remarquer Jenny Chase, analyste solaire chez Bloomberg.

Arriver à prouver de manière vérifiable qu’un panneau solaire n’est pas lié au travail forcé au Xinjiang serait donc quasi-impossible.

 

Sanctionner la Chine : ralentir l’expansion du solaire en Occident

La production chinoise de panneaux solaires représente 70% de la production mondiale. Sans compter les exportations de sous-modules vendus aux fabricants étrangers. Un embargo quasi-total de ces produits pourrait donc bien ralentir les plans d’expansion du solaire aux États-Unis. Même constat en Europe si l’UE venait à sanctionner plus durement la Chine.

Enfin, le prix du polysilicium. Celui-ci pourrait en effet augmenter rapidement si les européens et les américains se détournaient en même temps de la production du Xinjiang.

 

« Tout le monde sait ce qui se passe en Chine »

« Tout le monde sait ce qui se passe en Chine. Lorsque des infrastructures y sont installées, vous devez accepter qu’il y a de fortes chances que le travail forcé soit utilisé. », rappelle Milan Nitzschke, président du lobby du solaire européen EU ProSun.

De nombreux acteurs voient là une occasion de promouvoir le retour de la production européenne des panneaux solaires. Cette production ne s’est déplacée vers la Chine il y a une quinzaine d’années seulement.

En ce sens, le polysilicium est déjà produit sur plusieurs sites en Allemagne. De nombreux entrepreneurs se disent prêts à rétablir une chaîne de production en Europe. L’association SolarPower Europe demande pour cela à l’UE de définir une stratégie européenne afin de soutenir efficacement la production locale de panneaux solaires.

En somme, l’occident envisage de couper ses liens avec la production chinoise, notamment de polysilicium. Les américains utiliseront surement cette situation délicate pour la Chine a leur avantage diplomatique. L’Europe reste, elle, plus prudente, plus dépendante de la production de biens chinoise.

En réalité, la situation de cette minorité ethnique n’évoluera que lorsque la dépendance à la production chinoise se réduira. En attendant, l’Empire du Milieu détient, entre ses mains, une partie de la consommation des ménages européens. Ne serait-ce même que la production de certains biens de grande nécessité (médicaments par exemple).

Inscrivez-vous gratuitement pour un accès sans interruption.

Publicite

Récemment publiés dans

Les négociations de la COP29 illustrent les enjeux cruciaux de la diplomatie énergétique, où financement climatique et engagements sur les énergies fossiles divisent pays développés et en développement.
Alors qu’il accueillera la COP30 en 2025, le Brésil, producteur majeur de pétrole, veut jouer un rôle clé dans la transition énergétique en promouvant un débat global sur la réduction progressive des combustibles fossiles.
Alors qu’il accueillera la COP30 en 2025, le Brésil, producteur majeur de pétrole, veut jouer un rôle clé dans la transition énergétique en promouvant un débat global sur la réduction progressive des combustibles fossiles.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le Suriname et la Chine ont signé un accord pour rééchelonner une dette de 475 millions de dollars, première étape pour relancer l'économie du pays sud-américain, en crise malgré ses vastes réserves pétrolières.
Le Suriname et la Chine ont signé un accord pour rééchelonner une dette de 475 millions de dollars, première étape pour relancer l'économie du pays sud-américain, en crise malgré ses vastes réserves pétrolières.
Les États-Unis et les Européens ont présenté une résolution à l’AIEA pour condamner l’Iran, accusé de ne pas coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Téhéran met en garde contre les répercussions de cette décision.
À COP29, le Japon suit la ligne européenne sur les contributions financières climatiques et adopte une approche mesurée sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), tout en examinant ses objectifs énergétiques à long terme.
À COP29, le Japon suit la ligne européenne sur les contributions financières climatiques et adopte une approche mesurée sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), tout en examinant ses objectifs énergétiques à long terme.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La COP29, tenue à Bakou, attire l'attention sur la présence massive de représentants des énergies fossiles. Entre lobbying et nécessité énergétique, le débat sur leur rôle dans la transition climatique s'intensifie.
La COP29, tenue à Bakou, attire l'attention sur la présence massive de représentants des énergies fossiles. Entre lobbying et nécessité énergétique, le débat sur leur rôle dans la transition climatique s'intensifie.
Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.
En pleine crise énergétique, le Mexique envoie du pétrole à Cuba pour alléger les pénuries d’électricité et s’opposer au blocus américain, un geste humanitaire malgré les critiques.
En pleine crise énergétique, le Mexique envoie du pétrole à Cuba pour alléger les pénuries d’électricité et s’opposer au blocus américain, un geste humanitaire malgré les critiques.

Publicite