Le groupe espagnol Enagás a officiellement lancé, le 25 avril, son Plan Conceptuel de Concertation Publique (PCCP) pour le réseau dorsal d’hydrogène en Espagne. La présentation s’est tenue au Centre National de l’Hydrogène à Puertollano, en Castille-La Manche, en présence de plusieurs représentants gouvernementaux. Ce projet couvrira 13 communautés autonomes et plus de 550 municipalités, et s’étendra sur un total de 2 600 kilomètres de conduites souterraines nouvelles ou reconverties.
Lancement régional et calendrier progressif
La Castille-La Manche constitue la première étape du processus participatif, avec des ateliers organisés dans 13 communes de la province de Ciudad Real entre avril et juin. Le déploiement du PCCP dans les autres régions espagnoles, dont l’Andalousie, l’Estrémadure, la Catalogne ou encore la Navarre, s’étalera sur 18 mois, en lien avec les études d’ingénierie du projet. À l’issue, un rapport final synthétisera les contributions des citoyens, collectivités et plus de 380 entités publiques et privées.
Le plan vise à informer les parties prenantes sur les caractéristiques de l’infrastructure, à répondre aux questions techniques ou territoriales, et à intégrer les remarques dès les premières étapes, notamment pour limiter les impacts au sol. Enagás précise que plus de 80 % du réseau utilisera les corridors d’infrastructure gazière existants, dont 21 % par réutilisation de canalisations déjà en place.
Un projet d’intérêt communautaire soutenu par Bruxelles
Le réseau hydrogène espagnol d’Enagás a été reconnu comme Projet d’Intérêt Commun (PIC) par la Commission européenne, conformément au règlement n° 347/2013. En janvier, l’Agence exécutive européenne pour le climat, les infrastructures et l’environnement (CINEA) a alloué 100 % des fonds demandés pour les études préparatoires : €40,2mn ont été octroyés pour le réseau intérieur espagnol, et €35,5mn pour le corridor H2med, comprenant les interconnexions avec la France (BarMar) et le Portugal (CelZa).
Le tracé initial comprend cinq grands axes, dont ceux de la Vía de la Plata (875 km), de la côte Cantabrique (440 km), du Levant (505 km), de la Manche transversale (235 km) et de la vallée de l’Èbre (535 km). Trois stations de compression sont prévues à Coreses, Tivissa et Villar de Arnedo. En parallèle, des systèmes de contrôle à distance et de surveillance continue seront installés sur 110 vannes réparties tous les 20 à 30 kilomètres.
Capacité technique renforcée et cadre réglementaire établi
Enagás a lancé l’ingénierie conceptuelle de l’ensemble du réseau et attribué les premiers contrats d’ingénierie de base pour les stations de compression et équipements associés. L’entreprise a également présélectionné ses fournisseurs de conduites et compresseurs, tout en renforçant ses équipes techniques.
En novembre dernier, Enagás a soumis quatre nouvelles sections du réseau principal à la deuxième vague d’appels à projets européens PIC, portant sur 1 480 kilomètres supplémentaires. Leur réalisation est envisagée après 2030 pour garantir la connexion de toutes les communautés autonomes de la péninsule ibérique au réseau hydrogène.
Par décret royal, Enagás a été désignée opérateur provisoire du réseau de transport d’hydrogène (Hydrogen Transmission Network Operator – HTNO). Sa filiale Enagás Infraestructuras de Hidrógeno a reçu l’autorisation du Conseil des ministres, en juillet 2024, de lancer la première phase du réseau, incluant le PCCP, validé par le ministère espagnol de la Transition écologique en janvier 2025.