L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a, par la voix de son directeur général, Olivier Gupta, invité mercredi EDF à œuvrer pour apporter la preuve que ses réacteurs seront à même d’être prolongés au-delà de 50 ans.
Les plus vieux parmi les 56 réacteurs français en service commenceront à atteindre ce seuil dès 2030. “Nous souhaitons conduire avec les exploitants concernés des discussions techniques approfondies sur cette question: jusqu’à quand les installations nucléaires pourront-elles fonctionner en toute sûreté ?”, a déclaré Olivier Gupta, lors d’une audition devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.
En particulier, “nous appelons EDF à constituer des démonstrations de sûreté sur la cuve des réacteurs, pour regarder, au-delà de 50 ans, combien de temps les cuves peuvent tenir”, a expliqué M. Gupta.
“C’est le composant non remplaçable qui est susceptible d’influencer le plus la durée d’exploitation d’une centrale, car les cuves sont soumises à l’irradiation et se fragilisent au fur et à mesure”, a-t-il détaillé.
M. Gupta a réclamé “de la visibilité” sur le sort du parc, relevant qu’un renouvellement ou un arrêt définitif cela ne “s’improvise pas”, en termes de sûreté comme de gestion des déchets.
Les trois quarts des centrales “ont été construites dans les annnés 1980; elles approchent la quarantaine d’années, c’est-à-dire la durée prévue lors de leur conception”, a-t-il souligné, même si “ce n’est pas une durée couperet car il y a des travaux de maintenance et toutes les décennies des réexamens pour améliorer la sûreté”.
Le gendarme du nucléaire a acté en 2021 le principe d’un allongement de la durée de vie des plus vieux réacteurs au-delà de 40 ans, tout en enjoignant EDF de réaliser des travaux de sûreté et avec des préconisations réacteur par réacteur.
Mais qu’en sera-t-il après 50 ans? “Nous ne disons pas que c’est impossible, nous disons simplement qu’aujourd’hui ce n’est pas prouvé. Cela veut dire qu’il faut maintenant mettre les moyens, chez nous mais d’abord chez EDF, pour que ces preuves soient apportées ou, le cas échéant si on ne peut pas les apporter, qu’on le sache”, a souligné le directeur général de l’ASN.