Deux ans après l’engagement international visant à tripler les capacités mondiales d’énergies renouvelables d’ici 2030, une nouvelle analyse met en évidence la lenteur des avancées nationales. Les plans en vigueur totalisent 7,4 térawatts (TW) pour 2030, ce qui ne représente qu’une légère hausse par rapport à 2022 et demeure inférieur à l’objectif mondial de 11 TW fixé lors de la COP28. Cet écart de 3,7 TW expose les marchés à une insuffisance d’investissements et à un ralentissement des dynamiques industrielles.
Révisions limitées des cibles et disparités régionales
Depuis la COP28, seuls 22 pays ont ajusté leurs objectifs, avec une majorité de révisions observées au sein de l’Union européenne. Hors de cette zone, sept pays seulement ont actualisé leurs plans. Les cycles de planification nationale semblent peu réactifs face aux engagements mondiaux, illustrant une déconnexion entre les déclarations internationales et les stratégies opérationnelles. Les grandes économies comme les États-Unis n’ont pas introduit de cibles nationales pour 2030, alors que la nouvelle loi « One Big Beautiful Bill » réduit l’ampleur des crédits d’impôt accordés aux énergies renouvelables. Selon les projections, cette législation pourrait diminuer la capacité solaire de 29 gigawatts (GW) et la capacité éolienne de 43 GW entre 2025 et 2030.
Entre stagnation et prudence dans les grandes économies
En Inde, la planification prévoit 509 GW de capacités renouvelables installées d’ici 2030, soit plus du triple des niveaux de 2022, alignant le pays sur l’objectif international. La Fédération de Russie n’affiche aucune cible chiffrée pour 2030, alors que son dernier plan énergétique ne comprend aucune projection de capacité renouvelable. En Chine, le franchissement du seuil des 1 200 GW d’éolien et de solaire a été réalisé avec six ans d’avance sur le calendrier, mais les nouvelles cibles pour 2030 restent à confirmer dans les documents stratégiques attendus.
Le Japon maintient sa cible de 201 GW de capacités renouvelables en 2030, correspondant à 36–38% de sa production d’électricité. Le Canada, de son côté, projette une part de 90% d’électricité renouvelable sans formaliser de cible de capacité pour 2030. L’Arabie saoudite vise à porter la part des renouvelables à 50% de son mix électrique d’ici 2030, une transition particulièrement rapide compte tenu du point de départ.
Conséquences pour la planification et la sécurité énergétique
La fixation d’objectifs nationaux permet d’orienter les investissements, d’anticiper les besoins en flexibilité du réseau et de garantir la stabilité des systèmes électriques. Les rapports techniques soulignent que l’absence de cibles précises limite la capacité des États à planifier efficacement l’intégration des nouvelles technologies et à prévenir les risques de congestion ou de surcapacité. L’essentiel de la dynamique actuelle se concentre dans quelques marchés, principalement en Europe, tandis que la plupart des grands acteurs mondiaux maintiennent une approche prudente, laissant l’écart se creuser avec l’objectif international de triplement des capacités.
L’écart persistant entre les ambitions collectives et les plans nationaux souligne la difficulté de transformer des engagements internationaux en actions concrètes, alors que la fenêtre d’opportunité pour rehausser les cibles à l’horizon 2030 se referme rapidement.