Le gouvernement français a appelé le groupe Électricité de France (EDF) et les représentants des industries électro-intensives à intensifier leurs discussions afin de parvenir, avant l’été, à un accord sur les tarifs de l’électricité. Cette injonction intervient alors que les négociations commerciales entre l’opérateur public et les industriels patinent depuis plus d’un an, sur fond de désaccord concernant les prix proposés pour les futurs contrats à long terme.
L’État souhaite remplacer d’ici fin 2025 les tarifs préférentiels existants par un nouveau dispositif baptisé “contrats d’allocation de production nucléaire” (CAPN), prévoyant des engagements sur volumes et tarifs. Ces contrats visent à sécuriser l’approvisionnement des industriels en électricité d’origine nucléaire, tout en assurant une rémunération soutenable pour EDF. Or, les discussions se sont enlisées sur la question du prix de référence, jugé excessif par les industriels, notamment dans les secteurs de la chimie et de la métallurgie, pour préserver leur compétitivité sur les marchés internationaux.
Un changement de direction stratégique sous surveillance
Ce différend survient dans un contexte de transition managériale pour EDF. Luc Rémont, président-directeur général évincé par l’Élysée, avait insisté sur la nécessité de garantir un prix d’équilibre autour de 60 euros par mégawattheure, invoquant l’obligation pour l’entreprise de ne pas vendre à perte au risque de compromettre ses capacités d’investissement dans le nucléaire. Le gouvernement, actionnaire majoritaire, n’a pas officiellement commenté le montant jugé acceptable, mais insiste sur la recherche d’un compromis « atteignable », selon une source proche du ministère chargé de l’Énergie.
À ce jour, seuls deux contrats auraient été signés, selon EDF. Le gouvernement, de son côté, évoque un seul accord, représentant moins de 1 % des 40 térawattheures fixés comme objectif de volume dans l’accord de 2023. Cette lenteur dans les concrétisations alimente les préoccupations des autorités publiques sur l’avenir industriel des filières dépendantes de l’électricité bon marché.
Mission prioritaire pour Bernard Fontana
Le successeur désigné de Luc Rémont, Bernard Fontana, actuellement directeur général de Framatome, doit prochainement être auditionné par les commissions économiques du Parlement. Son rôle à venir, selon le ministère, inclura comme priorité « d’avancer sur ce sujet » des CAPN. Ce mandat figurera explicitement dans la lettre de mission qui lui sera adressée dès validation de sa nomination par les instances parlementaires.
L’arrivée de Bernard Fontana est interprétée par plusieurs sources proches du dossier comme un signal de recentrage stratégique de la gouvernance d’EDF autour des priorités nucléaires définies par l’exécutif. Le maintien d’un équilibre économique entre rentabilité de la production électrique et soutenabilité des coûts pour l’industrie demeure l’un des enjeux majeurs pour l’année en cours.