Le projet de construction des deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point en Angleterre représente un « gouffre financier » pour Électricité de France (EDF), ont déclaré la présidente de la Commission des affaires économiques, Aurélie Trouvé, et le rapporteur général du budget, Charles de Courson. Les élus ont fait ces déclarations après une mission de contrôle à la direction du Trésor consacrée au suivi du chantier.
Le coût estimé du projet atteint désormais 46 milliards de livres sterling (environ €54 milliards/$57.6 milliards) à l’horizon 2030, dont 85% sont à la charge d’EDF. Lors de son lancement en 2016, le devis initial s’élevait à 18 milliards de livres sterling. AFP a rapporté ces chiffres le 28 avril, relayant les inquiétudes exprimées depuis l’Assemblée nationale par les deux députés.
Des alertes anciennes sur les risques financiers
Aurélie Trouvé a précisé que des notes internes de 2015, déjà à disposition du gouvernement français actionnaire à 85% d’EDF à l’époque, avaient signalé des risques de sous-évaluation des coûts. « Le gouvernement savait », a-t-elle affirmé, dénonçant une « trajectoire trop optimiste » fixée dès l’origine du projet. L’État détient aujourd’hui 100% du capital d’EDF.
Les députés ont également indiqué que, selon les informations obtenues lors de leur mission de contrôle, le ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) ne posséderait pas le contrat liant EDF aux partenaires du projet, ce qui suscite des interrogations sur la gouvernance du dossier.
Un débat parlementaire sans vote critique l’absence de consultation
Charles de Courson a qualifié la situation d’ »anomalie démocratique », critiquant l’absence de consultation parlementaire malgré les impacts budgétaires majeurs du programme nucléaire. Le député a insisté sur le fait que « ces décisions échappent au Parlement alors qu’elles ont des conséquences directes sur les finances publiques ».
Les déclarations ont été faites en marge d’un débat non-contraignant à l’Assemblée nationale, consacré à la politique énergétique française. Ce débat intervient avant la publication prévue d’un décret qui doit fixer la feuille de route énergétique du pays pour la prochaine décennie, incluant une relance du nucléaire civil.