Le site de production d’électricité à biomasse Drax reste, pour la dixième année consécutive, la source unique la plus importante d’émissions de carbone au Royaume-Uni, selon une analyse publiée par le groupe de réflexion Ember. Les émissions générées par la centrale ont atteint 13,3 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) pour l’année 2024, soit une progression de 16% par rapport à l’année précédente. Ce volume d’émissions dépasse désormais celui des quatre sites industriels suivants combinés, ainsi que celui des six principales centrales à gaz du pays.
Subventions et importations de biomasse
Malgré l’augmentation de ses émissions, Drax Group plc a bénéficié d’environ £2mn ($2,6mn) de subventions publiques par jour en 2024, soit l’équivalent de £10 ($13) par foyer britannique. L’essentiel du combustible utilisé provient de l’importation, avec 7,6 millions de tonnes de bois brûlées, dont 99% importés selon Ember. Des enquêtes récentes ont révélé que certains lots provenaient de forêts anciennes. Les subventions attribuées à la biomasse devraient être réduites de moitié à partir de 2027, mais Drax est projeté comme le principal émetteur du pays au moins jusqu’en 2030, d’après Ember.
Classement des émetteurs et fermetures industrielles
Drax devance Port Talbot Steelworks, principal site sidérurgique à charbon, qui a cessé ses activités en septembre 2024 mais reste deuxième en raison de ses émissions durant les premiers mois de l’année. La centrale à gaz de Pembroke occupe la troisième position. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, aucune centrale à charbon ne figure parmi les 25 plus gros émetteurs du pays, la fermeture du site Ratcliffe-on-Soar ayant marqué la fin de cette industrie en 2023.
Composition du classement et évolutions du secteur
Les centrales à gaz représentent plus de la moitié du classement des 25 premiers sites émetteurs, alors que la production issue du gaz a atteint son niveau le plus bas depuis vingt-cinq ans, soit 84 térawattheures (TWh), équivalant à 30% de la production nationale totale. Cette évolution résulte d’une hausse des importations et d’une production record issue de l’éolien et du solaire. Les industries lourdes telles que la sidérurgie, le ciment et le raffinage maintiennent leur présence dans ce classement, illustrant la nécessité d’une électrification accrue du secteur industriel, sujet mis en avant dans la nouvelle stratégie industrielle du Royaume-Uni.
Frankie Mayo, analyste principal énergie et climat chez Ember, a indiqué : « Décarboniser l’industrie lourde suppose une baisse des prix de l’électricité et une accélération des raccordements au réseau afin d’amorcer une nouvelle vague d’électrification » (Ember rapporté le 17 juillet).