Le secteur nucléaire français connaît un regain d’intérêt stratégique, symbolisé par la volonté d’EDF de déployer des réacteurs EPR à une échelle industrielle en France et en Europe. Cette ambition vient en réponse à des enjeux énergétiques et climatiques majeurs, nécessitant une production électrique stable et décarbonée. Luc Rémont, PDG d’EDF, a récemment annoncé l’objectif de construire « deux réacteurs par an », marquant une accélération significative par rapport au rythme actuel. Ce plan ambitieux reflète une volonté de renouer avec la dynamique des années 1970-80. Pour l’instant, le PDG refuse d’avoir une « idée arrêtée » sur le coût du programme nucléaire français.
Des défis industriels et financiers à relever
La réalisation de ce programme ne sera pas sans difficulté, compte tenu du lourd passif d’EDF en matière de gestion de projet. L’EPR de Flamanville, par exemple, accumule les retards et les dépassements de coûts. De plus, le groupe doit gérer une dette considérable tout en faisant face à la critique sur la faisabilité de ses nouveaux projets. Le défi est d’autant plus grand que la France envisage le déploiement de jusqu’à 18 réacteurs EPR2, une version améliorée de l’EPR, en plus des programmes anglais Hinkley Point et Sizewell.
Optimisation et standardisation: clés du succès
Pour surmonter ces obstacles, EDF mise sur l’optimisation et la standardisation des futures constructions d’EPR2. Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire, souligne l’importance de simplifier la construction et de standardiser les équipements pour atteindre un « effet de série ». Cette approche vise à rendre les futurs projets plus compétitifs et à éviter les erreurs du passé. Le gouvernement insiste sur la nécessité pour EDF de maîtriser ses coûts et son calendrier.
L’enjeu européen et international
EDF ne limite pas ses ambitions au territoire français; le groupe cherche également à exporter son expertise en matière d’EPR à l’international. Les discussions sont en cours avec plusieurs pays européens, reflétant l’intérêt renouvelé pour le nucléaire dans le contexte de la transition énergétique et de la recherche d’indépendance énergétique, notamment vis-à-vis de la Russie. Ce renouveau nucléaire se heurte néanmoins à des défis importants, tels que le recrutement et la formation d’une nouvelle génération de travailleurs qualifiés.
Le futur du nucléaire français, et plus largement européen, repose sur la capacité d’EDF à transformer ses ambitions en réalités tangibles. La faisabilité du programme EPR est toujours en question, notamment en termes de compétitivité coût-délai. Le défi de la construction de nouveaux réacteurs s’inscrit dans un contexte plus large d’entretien et de démantèlement des installations existantes, soulignant la complexité de la relance nucléaire envisagée par la France.