Des chercheurs allemands lancent un projet expérimental pour produire de l’hydrogène vert en mer du Nord et en mer Baltique en utilisant, pour la première fois, de l’eau de mer brute comme ressource directe. Le projet SalYsAse (Salzwasserelektrolyse mittels mariner Bakterien auf Titangasdiffusionsschichten) associe un centre de recherche en géomicrobiologie, une école d’ingénieurs et une société technologique autour d’une solution d’électrolyse conçue pour s’affranchir des besoins en eau douce ou en dessalement. L’électricité issue des éoliennes offshore est exploitée sur place pour transformer l’eau de mer en hydrogène stockable.
Biocatalyseurs marins et matériaux innovants
L’approche repose sur l’emploi de bactéries marines comme biocatalyseurs dans le processus d’électrolyse, ce qui permet de limiter l’utilisation de métaux rares comme l’iridium, traditionnellement nécessaire pour résister à la corrosion du sel. Ces micro-organismes, collectés en mer du Nord et en mer Baltique, sont adaptés aux fortes concentrations salines et contribuent à éviter la formation de sous-produits toxiques tels que le chlore gazeux.
Le choix de structures en titane pour les membranes et supports de l’électrolyse permet de garantir la résistance à la corrosion, condition indispensable à un fonctionnement durable en milieu marin. Ce dispositif permet également d’installer la catalyse biologique au cœur même de la cellule d’électrolyse, grâce à une conception poreuse spécifique.
Hydrogène produit sur site et perspectives industrielles
Le projet vise à convertir directement l’électricité éolienne excédentaire en hydrogène sur les plateformes offshore, sans transit préalable par la terre ferme. L’hydrogène ainsi généré pourra être stocké ou transporté vers des sites industriels consommateurs, notamment dans les filières de la chimie ou de la sidérurgie, qui cherchent à décarboner leurs procédés.
Le financement du projet atteint EUR733 000 ($799 000) sur trois ans, alloué par une institution publique allemande. Selon l’équipe de recherche, ce système pourrait permettre de valoriser les surplus d’électricité renouvelable tout en réduisant les coûts logistiques. Un ingénieur impliqué dans le projet indique que la réussite de cette expérimentation ouvrirait de nouvelles perspectives pour l’hydrogène vert issu de l’eau de mer, directement au plus près des sources d’énergie renouvelable.
Cap sur l’électrolyse en mer pour l’hydrogène vert
L’expérimentation allemande démontre la faisabilité d’une production d’hydrogène à partir d’eau de mer brute en contexte offshore, avec des avancées en biocatalyse et en matériaux anticorrosion. Ce modèle pourrait répondre aux besoins des industries européennes en énergie tout en limitant la pression sur les ressources en eau douce.