Le dernier convoi ferroviaire transportant des déchets nucléaires de haute activité vitrifiés a atteint le centre d’entreposage de Philippsburg, en Allemagne, le 20 novembre 2024. Ce transfert marque la fin des engagements contractuels entre Orano, le groupe français spécialisé dans le retraitement des combustibles usés, et quatre électriciens allemands : PreussenElektra, RWE, EnBW et Vattenfall.
Ces contrats, signés entre 1977 et 1991, ont permis le traitement de 5 310 tonnes de combustibles nucléaires usés en provenance des réacteurs allemands. Selon Orano, environ 96 % de cette matière a pu être valorisée, incluant de l’uranium et du plutonium susceptibles d’être réutilisés comme combustible. Les déchets ultimes non valorisables, en revanche, ont été vitrifiés avant leur retour en Allemagne.
Un transport sous haute sécurité
Partis de l’usine Orano de La Hague, située dans la Manche, les déchets ont d’abord été escortés par la route jusqu’à la gare de Valognes, à une trentaine de kilomètres. Depuis cette gare, un convoi ferroviaire sécurisé a acheminé les conteneurs jusqu’à Philippsburg, un site situé près de la frontière française, où une ancienne centrale nucléaire est en démantèlement depuis 2019.
Ce transport a mobilisé d’importants dispositifs de sécurité, compte tenu de la nature hautement radioactive des conteneurs. Yannick Rousselet, consultant en sûreté nucléaire pour Greenpeace France, a toutefois souligné que la centrale de Philippsburg, bien que désaffectée, reste proche du territoire français, soulevant des questions de sécurité transfrontalière.
Un cadre juridique strict
La France interdit, par une loi de 2006, le stockage de déchets radioactifs étrangers sur son sol. Ce cadre légal a incité les autorités et Orano à organiser le retour systématique des déchets vitrifiés vers leur pays d’origine. Cette pratique, bien qu’approuvée par des organisations comme Greenpeace, met également en lumière les défis posés par la gestion des résidus nucléaires à long terme.
Orano affirme que ces transferts s’inscrivent dans une démarche maîtrisée, affirmant que les rejets liquides ou gazeux générés lors des opérations de retraitement à La Hague sont sans impact significatif sur la santé. Néanmoins, ces affirmations restent contestées par des groupes environnementaux.