L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont jugé les données fournies par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) suffisantes pour poursuivre l’instruction du dossier. Cette première évaluation positive confirme la solidité des travaux menés depuis maintenant 30 ans par l’Andra sur ce projet controversé mais indispensable.
Les experts ont particulièrement salué la qualité des analyses géotechniques et hydrogéologiques réalisées sur le site de Bure, dans la Meuse, retenu pour accueillir les installations de stockage souterrain après des études approfondies. Cette instruction fait suite à une décision du conseil constitutionnel en 2023.
Des avancées notables mais des défis restent
Si les analyses géotechniques et hydrogéologiques sont globalement satisfaisantes selon l’ASN, le gendarme du nucléaire souligne toutefois la nécessité de mieux prendre en compte l’impact potentiel du changement climatique sur les installations en surface. De plus, le programme d’essais prévu durant la phase industrielle pilote, cruciale pour valider les derniers aspects techniques, doit encore être approfondi et détaillé.
L’IRSN relève par ailleurs le besoin d’études complémentaires pour s’assurer que Cigeo pourra effectivement accueillir les déchets issus des futurs réacteurs nucléaires de nouvelle génération envisagés par l’Etat français, comme les EPR2. Pour l’heure, seule la capacité à stocker les déchets du parc actuel et des 6 EPR2 prévus est confirmée.
Le calendrier se précise malgré les défis
Vers le début de l’année 2025, l’ASN et l’IRSN, qui seront alors réunis en une entité unique, se prononceront sur la sûreté en phase d’exploitation de Cigeo, un point crucial pour la poursuite du projet. Cette nouvelle évaluation marquera une avancée décisive, permettant à l’Andra d’envisager le démarrage des travaux de construction en 2027.
La mise en service du stockage des déchets les moins radioactifs (déchets de moyenne activité à vie longue) est prévue pour l’horizon 2035-2040. En revanche, le stockage des déchets de haute activité, plus complexe à mettre en œuvre, n’interviendrait qu’en 2080-2090 selon le calendrier actuel.
Malgré les défis techniques majeurs restant à relever et les contestations d’une partie de la société civile, l’Andra se dit confiante dans les mesures déjà prises pour assurer la sûreté maximale de ce projet inédit et indispensable pour gérer durablement les déchets nucléaires les plus dangereux produits en France.