Le président Moon Jae-in a déclaré que la Corée du Sud, qui dépend fortement des combustibles fossiles pour alimenter son réseau électrique, mettrait fin à sa dépendance au charbon.
La Corée du Sud vise 2050 pour sa décarbonation totale
Le Président Moon Jae-in a pris cet engagement lors d’un discours à l’Assemblée Nationale mercredi 28 octobre.
Il a déclaré que le pays d’Asie de l’Est dépend fortement des combustibles fossiles pour alimenter son réseau électrique. Le projet est donc de mettre fin à sa dépendance au charbon avant 2050,d’entamer une décarbonation du pays. Les énergies fossiles seraient remplacées par des énergies renouvelables dans le cadre du New Deal vert annoncé en juillet dernier, permettant ainsi d’atteindre la neutralité carbone.
L’engagement de la Corée du Sud a suivi les traces du pays voisin, le Japon. En effet, le Premier Ministre Yoshihide Suga a également annoncé, lundi 26 octobre, son ambition de neutralité carbone d’ici 2050.
Le Secrétaire Général des Nations Unies est « très encourageant » vis-à-vis de la décarbonation de la Corée du sud
Selon le chercheur en énergie Wood Mackenzie, les deux pays ont un mélange de combustible similaire. En effet, ce mélange représente une part de 80% des hydrocarbures dans leur approvisionnement en énergie primaire. Le nucléaire et les énergies renouvelables représentent, quant à eux, respectivement 15% et 2%.
Parlant de la Corée du Sud et des engagements nets zéro du Japon, Prakash Sharma, Chef des marchés et des transitions pour l’Asie-Pacifique de Wood Mackenzie, a déclaré que les objectifs sont « extrêmement ambitieux et intimidants ». Alors que la Corée du Sud – le septième plus grand pollueur au monde – prévoit d’éliminer progressivement le nucléaire et d’arrêter les centrales au charbon à long terme, Sharma a déclaré que l’échéancier n’est pas « clair ».
Il ajoute:
«Cela signifie qu’une décarbonisation profonde en Corée du Sud reposera sur une adoption plus rapide des nouvelles technologies. Le GNL jouera probablement un rôle crucial dans la transition de la Corée du Sud.»
Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire Général de l’ONU, a pour sa part réagit à l’annonce sud-coréenne :
«Il s’agit d’une annonce très positive. La Corée du Sud est sur la bonne direction après l’annonce, en juillet dernier, du nouveau pacte vert exemplaire de la Corée. La République de Corée est la 11e économie mondiale et la 6e exportatrice. Avec cette annonce, elle se joint à un groupe croissant de grandes économies qui se sont engagées à donner l’exemple en bâtissant un monde durable, neutre en carbone et résilient aux changements climatiques d’ici 2050.»
Les énergies renouvelables comme substitut du charbon pour sa décarbonation
Cet engagement place la Corée du Sud parmi un certain nombre de pays qui se sont engagés à atteindre l’objectif de décarbonation totale d’ici 2050. La Chine – le plus grand pollueur au monde – a fixé, en septembre, une date cible de 2060. L’annonce du Président Moon survient après que son parti eut fait une proposition, en avril, pour s’engager dans une décarbonation totale.
Dans son discours à l’Assemblée Nationale, le Président Moon a déclaré : «Le gouvernement a fait pression pour que des politiques fermes soient mises en place afin de transformer les sources d’énergie jusqu’à présent, mais nous devons encore améliorer beaucoup de choses.»
« Nous nous dirigerons vers une décarbonation totale d’ici 2050, en prenant des mesures pour lutter contre les changements climatiques. Nous remplacerons l’énergie du charbon par de les énergies renouvelables, ce qui créera de nouveaux marchés et de nouvelles industries, ainsi que des emplois.»
Kim Joo-jin, PDG de Climate Solutions, a déclaré que cet engagement rapprochait enfin la Corée du Sud du chemin compatible avec les objectifs énoncés dans l’Accord de Paris. C’est d’ailleurs un pacte climatique international qui vise à limiter la hausse des températures mondiales à «bien en dessous » de 2°C d’ici 2100.
«Cependant, il y a beaucoup à faire pour que cette déclaration soit réellement significative. Les tâches les plus urgentes sont d’améliorer son objectif de réduction des émissions à l’horizon 2030. Le but est également de présenter une feuille de route claire pour l’élimination progressive du charbon d’ici 2030 et de mettre un terme complet au financement du charbon.»
Le charbon est actuellement le ressource principale utilisée dans l’alimentation électrique de la Corée du Sud. Elle représente environ 40 % du mix énergétique total du pays. De plus sept nouvelles centrales au charbon sont toujours en construction, ce qui rendra inévitablement le défi de la décarbonation un peu plus difficile.
Cependant le New Deal de la Corée du Sud, financé à hauteur de 7 milliards d’euros, introduira au pays différentes mesures lui permettant d’atteindre sa neutralité carbone. Tels que la taxe carbone ou la fin des financements des centrales à charbon. Des bornes de recharge pour les véhicules électriques et l’hydrogène seront également installé pour accompagner cette transition qui se dessine.
Le système d’échange des droits d’émission offre un « avantage » à la Corée du Sud
Wood Mackenzie a présenté en détail un modèle de scénario qui permettrait à la Corée du Sud d’atteindre une décarbonation totale au cours des 30 prochaines années. Dans ce scénario, l’électrification se développerait rapidement et serait de plus en plus alimentée par les énergies renouvelables, le stockage de batteries, l’hydrogène et le carbone, le captage et le stockage de CO2 (CCUS). Wood Mackenzie prévoit également que le secteur des transports sera entièrement décarboné d’ici 2050 à l’aide de véhicules électriques et de véhicules à piles à combustible. Tandis que la part des hydrocarbures devrait chuter à environ 40% d’ici 2050.
« La Corée du Sud a déjà mis en place un système d’échange de droits d’émission. »
« Il s’agit d’un mécanisme important pour apporter les changements requis dans les secteurs de l’électricité et de l’industrie, en fonction du coût et du carbone, afin d’atteindre un taux net zéro d’émissions. »
« Le prix du carbone en Corée du Sud se situe actuellement autour de 20 euros la tonne. Nous nous attendons à ce qu’il augmente à plus de 75 euros la tonne. »
La Corée du Sud rejoint donc la liste des pays respectant les accords de Paris à l’aide d’un plan structuré qui lui permettra certainement d’atteindre ses objectifs d’ici 2050.