Décarbonation européenne : coûts, défis économiques et avenir du gaz naturel

L'Europe envisage plusieurs stratégies énergétiques à l'horizon 2050, révélant des coûts très variables et un avenir incertain pour la demande en gaz naturel, sur fond de pression politique pour atteindre la neutralité carbone à moindre coût.

Partager:

Les articles d'energynews.pro en intégralité à partir de 4.90€/mois sans engament

30 000 articles déjà publiés depuis 2021.
150 nouvelles analyses chaque semaine pour décrypter les marchés.

Digital PRO access MENSUEL

Accès immédiat — 4.90€/mois*

sans engagement - annulable à tout moment, activation en 2 minutes

*Tarif indiqué HT applicable pendant 1 mois d’abonnement sans engagement, puis révisé à 14.90 €/mois à partir du 2ᵉ mois.

Digital PRO access annuel

Accès immédiat — 99€/an*

Pour accéder à tout energynews.pro sans aucune limite

*Tarif indiqué HT applicable pendant 1 an d’abonnement, puis révisé à 149,00 €/mois à partir de la 2ᵉ année.

La décarbonation du secteur énergétique européen fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière des gouvernements, des entreprises énergétiques et des marchés financiers. Face aux objectifs fixés par l’Union Européenne, notamment une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 90 % d’ici 2040 par rapport à 1990, le secteur s’interroge sur les coûts économiques induits et sur la place qu’occupera le gaz naturel dans ce nouveau paysage énergétique. Selon une étude récente, plusieurs scénarios de décarbonation soulignent les compromis nécessaires entre ambition politique, réalités économiques, et stabilité des approvisionnements.

Des coûts très variables selon les scénarios

La modélisation des différents chemins possibles vers la neutralité carbone met en évidence d’importantes disparités de coûts. Dans le scénario baptisé « Accelerated Path to Net Zero », qui correspond à une réduction rapide des émissions de GES de 90 % d’ici 2040, les coûts marginaux de réduction (Marginal Abatement Costs, MAC) atteindraient un niveau prohibitif, estimé à 17 246 euros par tonne de CO₂ équivalent (€/tCO₂e). Ce scénario, bien qu’aligné avec l’objectif politique ambitieux de l’Union Européenne, nécessiterait un investissement massif en technologies bas carbone, impliquant d’importantes contraintes financières pour les entreprises et les États membres.

À l’opposé, le scénario « Linear Path to Net Zero », qui prévoit une réduction progressive des émissions à hauteur de 76 % en 2040, puis une neutralité totale en 2050, présente des coûts significativement moindres. Ce scénario affiche un MAC d’environ 420 €/tCO₂e en 2040, montant à près de 1 944 €/tCO₂e en 2050. Malgré cette réduction substantielle, ces coûts restent élevés, reflétant les difficultés économiques croissantes liées à l’élimination des dernières émissions résiduelles.

Des scénarios intermédiaires, sans atteindre la neutralité carbone complète, offrent des coûts sensiblement plus abordables. Ainsi, le scénario de référence prévoit un coût marginal limité à 318 €/tCO₂e en 2050, alors qu’un scénario à haute tarification carbone fixe ce coût à environ 445 €/tCO₂e. Ces scénarios démontrent que d’importantes réductions d’émissions peuvent être atteintes avec un coût nettement inférieur aux scénarios de neutralité complète, notamment grâce à un rôle prolongé du gaz naturel.

Le rôle stratégique du gaz naturel en question

La demande européenne en gaz naturel sera directement impactée par les politiques énergétiques adoptées dans les prochaines années. En 2023, l’Europe (UE27, Royaume-Uni, Norvège et Suisse) consommait environ 407 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz. En fonction des scénarios modélisés, cette demande pourrait évoluer de manière significativement différente à horizon 2050. Dans le scénario de référence (« Baseline »), sans neutralité carbone, la demande serait réduite à 291 bcm. Avec un scénario de haute tarification carbone (« High Carbon Price »), la consommation descendrait encore davantage, autour de 250 bcm.

Cependant, dans les scénarios de neutralité carbone, la baisse de la demande serait beaucoup plus marquée : seulement 160 bcm pour le scénario linéaire et 141 bcm pour le scénario accéléré en 2050. Ces scénarios impliquent un recours massif aux énergies renouvelables ainsi qu’à l’hydrogène vert (produit par électrolyse). Bien que cette évolution soit marquée, le gaz naturel garderait néanmoins un rôle stratégique majeur jusqu’en 2040, notamment comme matière première pour la production d’hydrogène à faible teneur en carbone via la capture, utilisation et stockage du carbone (Carbon Capture, Utilisation and Storage, CCUS).

Résistance des secteurs finaux et nécessité de politiques complémentaires

L’étude souligne également la faible élasticité de la demande en gaz naturel face à la hausse des prix du carbone, particulièrement avant 2040. Cette résistance provient essentiellement des coûts élevés associés à la transition dans les secteurs finaux comme l’industrie, les transports et le résidentiel. Même avec une tarification carbone élevée (jusqu’à 445 €/tCO₂e), le gaz continue à jouer un rôle majeur dans ces secteurs en raison des investissements importants requis pour basculer vers des alternatives bas carbone.

Par conséquent, la simple tarification carbone ne suffira pas à atteindre rapidement les objectifs de neutralité carbone de l’Europe. Des politiques complémentaires sont nécessaires pour accélérer la transition. Parmi celles-ci figurent le financement massif d’infrastructures énergétiques bas carbone, l’incitation fiscale à la R&D dans les technologies innovantes, et l’instauration de normes environnementales strictes.

L’intégration à grande échelle des marchés internationaux du carbone ainsi que l’importation accrue de ressources énergétiques bas carbone pourraient constituer des leviers complémentaires, réduisant ainsi la pression financière interne et offrant des marges de manœuvre plus importantes aux économies européennes.

Entre ambition climatique et réalités économiques

La modélisation présentée offre un cadre rigoureux permettant aux décideurs de mesurer précisément les coûts économiques des ambitions climatiques européennes. Elle démontre que, si la neutralité carbone reste techniquement réalisable, elle entraîne des coûts économiques exponentiellement croissants à mesure que l’échéance de 2050 approche. Ainsi, les décideurs devront arbitrer entre ambition politique et capacité économique, tout en anticipant les risques liés à un éventuel retard technologique ou à un verrouillage dans des solutions intermédiaires coûteuses.

Les prochains choix politiques européens en matière énergétique détermineront non seulement l’avenir climatique de l’Europe, mais également sa compétitivité économique et industrielle à long terme, à mesure que le marché mondial évolue rapidement vers une concurrence accrue dans les technologies énergétiques bas carbone.

L’Argentine cible le Brésil pour ses exportations de gaz malgré les frais boliviens

L’Argentine veut renforcer ses ventes de gaz au Brésil d’ici 2030, mais les frais de transit élevés imposés par la Bolivie nécessitent de lourds investissements publics pour sécuriser de nouvelles routes alternatives.

Les livraisons russes d’Arctic LNG 2 ralentiront cet hiver vers l’Asie

L’arrivée accélérée de cargaisons russes en Chine a fait baisser les prix du GNL spot en Asie, mais le trafic va ralentir avec la fermeture saisonnière de la Route maritime du Nord.

Nigeria et Libye étudient un gazoduc de 3 300 km pour relier l’Europe

Le Nigeria et la Libye ont entamé des échanges techniques autour d’un nouveau projet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian vers l’Europe via le réseau méditerranéen.
en_1140140942540

Chine–Russie: Pékin sécurise un hedge gazier avec PoS2 et cargaisons LNG

Des cargaisons de gaz naturel liquéfié et des hausses de débits par gazoduc renforcent l’optionnalité gazière de la Chine, tout en testant le régime de sanctions et en reconfigurant des arbitrages prix-volume pour la prochaine décennie.

Le Canada accélère l’approbation de cinq projets énergétiques et miniers majeurs

Le gouvernement canadien veut réduire les délais d’autorisation pour des projets stratégiques, incluant gaz naturel liquéfié, nucléaire et exploitation minière, face aux tensions commerciales avec les États-Unis.

Les exportations de GNL en Afrique subsaharienne devraient tripler d’ici 2034

Le volume des exportations de gaz naturel liquéfié en Afrique subsaharienne atteindra 98 milliards de mètres cubes d’ici 2034, porté par le Nigeria, le Mozambique et l’entrée de nouveaux producteurs régionaux.
en_114015092061540

L’Angola investit dans le gaz naturel malgré les défis techniques à Soyo

Porté par un plan d’investissement public ambitieux, l’Angola mise sur le gaz pour compenser le déclin pétrolier, mais l’usine Angola LNG de Soyo reste confrontée à des limites opérationnelles.

La Finlande critique la Hongrie et la Slovaquie pour leurs achats de pétrole russe

Le président finlandais Alexander Stubb a dénoncé les importations d’énergie fossile russe par la Hongrie et la Slovaquie, en pleine préparation du 19e paquet de sanctions européennes contre Moscou.

JERA vise un contrat de 20 ans pour du GNL alaskien avec Glenfarne

Le géant japonais JERA a signé une lettre d’intention pour acheter un million de tonnes par an de GNL depuis l’Alaska, dans le cadre d’un accord énergétique stratégique avec les États-Unis.
en_114015092075540

Chevron et HelleniQ Energy déposent une offre conjointe pour quatre blocs gaziers au large de la Crète

Le groupe américain Chevron a soumis une offre avec HelleniQ Energy pour explorer quatre blocs offshore au sud de la Crète, marquant une nouvelle étape stratégique dans l’exploration gazière en Méditerranée orientale.

GTT remporte un contrat pour des cuves de GNL sur une unité flottante en Afrique

GTT a été sélectionné par Samsung Heavy Industries pour concevoir des cuves cryogéniques d’une unité flottante de liquéfaction de gaz naturel, prévue pour une mise en service sur un site offshore africain.

BlackRock et ses partenaires visent 10,3 milliards $ pour financer l’accord gazier d’Aramco

Un consortium dirigé par BlackRock est en négociations pour lever jusqu'à 10,3 milliards $ afin de financer un accord d'infrastructure gazière avec Aramco, incluant une structure de crédit à double échéance et un possible recours aux sukuk.
en_1140100932540

TotalEnergies renforce sa présence aux États-Unis avec le Train 4 de Rio Grande LNG

TotalEnergies s’engage sur le Train 4 du projet Rio Grande LNG au Texas, consolidant sa position dans le gaz naturel liquéfié avec une participation directe de 10 % et un contrat d’enlèvement de 1,5 Mtpa.

EQT s’engage sur 20 ans pour 1 Mtpa de GNL avec Commonwealth LNG

Le producteur américain EQT a conclu un contrat d’approvisionnement de gaz naturel liquéfié sur vingt ans avec Commonwealth LNG, scellant un engagement stratégique autour d’un terminal en développement sur la côte du Golfe.

TotalEnergies confirme une décision d’investissement imminente pour un nouveau train de GNL au Texas

Le directeur général de TotalEnergies a déclaré que NextDecade officialiserait ce mardi une décision finale d’investissement pour une nouvelle unité de liquéfaction dans le cadre du projet Rio Grande LNG aux États-Unis.
en_1140909263540

McDermott obtient un contrat clé pour une unité de liquéfaction de $25bn en Louisiane

Monkey Island LNG a confié à McDermott la conception technique d’un terminal gazier pouvant atteindre 26 MTPA, misant sur un format modulaire pour densifier la production sur site et réduire les risques d’exécution.

Deux méthaniers russes sanctionnés livrent du GNL en Chine malgré les restrictions

Les navires Voskhod et Zarya, visés par des sanctions occidentales, ont quitté le terminal chinois de Beihai après avoir potentiellement livré du gaz naturel liquéfié provenant du projet Arctic LNG 2.

ADNOC Gas entre dans l’indice FTSE Emerging et attire jusqu’à $250mn d’investissements

ADNOC Gas intégrera l’indice FTSE Emerging le 22 septembre, ouvrant la voie à une augmentation de liquidité estimée à $250mn selon les projections du marché.
en_114080920254540

BlueNord abaisse ses prévisions de production pour Tyra au troisième trimestre 2025

La société norvégienne BlueNord a revu à la baisse ses prévisions de production sur le champ gazier de Tyra pour le troisième trimestre, après des arrêts techniques imprévus et une maintenance plus impactante qu’anticipé.

Monkey Island LNG intègre la technologie de ConocoPhillips dans un accord stratégique

Monkey Island LNG adopte le procédé Optimized Cascade® de ConocoPhillips pour son terminal de 26 MTPA en Louisiane, scellant un partenariat technologique centré sur l'efficacité opérationnelle et la compétitivité des exportations de gaz naturel.

Connectez-vous pour lire cet article

Vous aurez également accès à une sélection de nos meilleurs contenus.

ou

Passez en illimité grâce à notre offre annuelle:
99€ la 1ère année, puis 199€ /an.