L’Association française du gaz (AFG) publie jeudi, dans un contexte de crise énergétique inédite, des recommandations pour mieux faire face à l’envolée des prix du gaz en France et, plus largement, pour sécuriser le marché européen en cas de coupure totale du gaz russe.
Pour les entreprises françaises en difficulté, les deux propositions émises par le syndicat interprofessionnel de l’industrie gazière figurent déjà dans le paquet d’aides annoncées fin octobre par le gouvernement pour un montant de 12 milliards d’euros.
L’AFG cite ainsi dans ses recommandations l’élargissement du bouclier tarifaire aux PME et aux TPE et le fait d’engager les principaux fournisseurs d’électricité à proposer au moins une offre à leurs clients professionnels.
“Maintenant, ce qu’il va falloir surveiller, c’est la facilité à accéder à ces différentes aides, et que les hausses des prix soient tout de même acceptables”, explique à l’AFP le délégué général de l’AFG Thierry Chapuis.
Côté ménages, l’AFG souhaite notamment élargir les chèques exceptionnels énergie “fioul”, de 100 ou 200 euros, au gaz hors réseau, ou aux autres énergies telles que le butane-propane ou le bois utilisés pour se chauffer.
L’association des gaziers recommande enfin d’accorder des réductions de TVA aux personnes qui optent pour un gaz composé à moitié de biométhane.
À l’échelle européenne, Thierry Chapuis se dit favorable à l’encadrement temporaire des prix voulu par les Etats membres sur le marché TTF, référence pour les transactions gazières européennes.
Si la France ne dépendait du gaz russe qu’à hauteur de 17% avant la crise énergétique, profitant d’autres sources d’approvisionnement, l’Europe en était dépendante à 45%. Des mesures “structurelles” à long terme vont être nécessaires à l’échelle européenne, selon M. Chapuis.
Les pays européens doivent continuer de diversifier leurs sources d’approvisionnement mais aussi revenir à des contrats de fourniture de gaz à long terme moins indexés sur les contrats à court terme –victimes de la volatilité des prix– pour éviter un “effet d’engrenage”.
Puis, il faut des infrastructures suffisamment “dimensionnées” et “robustes” pour s’adapter à différents scénarios d’approvisionnements en gaz et aussi accélérer le développement des gaz renouvelables ou bas carbone.
M. Chapuis n’est pas vraiment inquiet pour l’hiver à venir, mais l’hiver 2023-2024 risque d’être “plus compliqué”, notamment pour constituer des réserves, face à des “flux de gaz russe réduits, voire nuls”.
“Si l’on doit aider nos voisins et donc moins remplir nos stockages, il pourrait y avoir un jeu d’équilibre européen avec le deal gaz contre électricité demandé par Emmanuel Macron qui pourrait durer”, affirme-t-il.