Le rapport de Wood Mackenzie intitulé « L’option nucléaire : Rendre la nouvelle énergie nucléaire viable dans la transition énergétique » met en évidence le défi économique majeur auquel est confrontée l’adoption des derniers réacteurs nucléaires et des petits réacteurs modulaires (SMR) : le coût. Malgré le soutien politique croissant et la demande croissante sur le marché de l’énergie décarbonée, le nucléaire doit faire face à une concurrence féroce de technologies telles que la combustion d’hydrogène, le gaz ou le charbon avec capture et stockage du carbone, la géothermie et le stockage d’énergie à longue durée.
Selon David Brown, directeur du service de transition énergétique chez Wood Mackenzie et auteur principal du rapport, l’industrie nucléaire doit relever rapidement le défi du coût pour tirer parti de l’énorme opportunité de croissance offerte par l’énergie à faible émission de carbone. Les coûts actuels du nucléaire sont tout simplement trop élevés pour permettre une expansion rapide. Les chiffres de Wood Mackenzie montrent que le coût nivelé de l’électricité nucléaire conventionnelle est au moins quatre fois supérieur à celui de l’éolien et du solaire.
Les SMR, une solution prometteuse
Pour surmonter ces problèmes de coût, les petits réacteurs modulaires (SMR) sont considérés comme une solution prometteuse. Les SMR sont conçus pour être modulaires, assemblés en usine et évolutifs, ce qui devrait réduire les coûts de construction et de déploiement. Si les coûts des SMR diminuent à 120 dollars par mégawattheure (MWh) d’ici 2030, ils pourront rivaliser avec les autres formes de production d’énergie à faible émission de carbone dans certaines régions du monde.
Cependant, l’expansion des SMR reste limitée pour le moment. Les coûts élevés entravent leur déploiement et les délais de construction sont plus longs que ceux des réacteurs à grande échelle. Wood Mackenzie estime que seuls six projets de SMR seront construits entre 2023 et 2030, avec des capacités allant de 80 MW à environ 450 MW. Pour soutenir des coûts plus bas, il faudrait entre 10 et 15 projets d’une capacité totale de 3 000 à 4 500 MW entre 2030 et 2040.
Quatre aspects déterminants
Le rapport souligne également quatre aspects clés qui nécessitent une attention particulière pour l’expansion du nucléaire. Tout d’abord, les gouvernements doivent établir des règles claires en matière de planification, d’autorisation, de réglementation et de sécurité. Ensuite, il est essentiel d’élargir la chaîne d’approvisionnement en uranium pour répondre à la demande croissante. De plus, les développeurs doivent renforcer leurs compétences dans la construction de SMR et se concentrer sur quelques technologies plutôt que sur une large gamme d’options. Enfin, les accords d’achat d’énergie nucléaire doivent être repensés pour valoriser la stabilité de l’énergie sans carbone, la chaleur de processus sans carbone, les crédits d’énergie renouvelable basés sur le nucléaire et l’alimentation en hydrogène à faible teneur en carbone.
Il est clair que l’industrie nucléaire doit surmonter les défis économiques pour jouer un rôle significatif dans la transition énergétique. Cela nécessite une réduction des coûts, un soutien politique solide et des investissements dans la recherche et le développement de technologies nucléaires plus avancées. Seulement alors le nucléaire pourra pleinement participer à la fourniture d’une alimentation électrique décarbonée et fiable d’ici 2050.