La COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre 2021 sera le test décisif pour l’avenir de l’hydrogène. La conférence des Nations Unies sur le changement climatique déterminera certainement si l’hydrogène pourra jouer un rôle important dans la transition énergétique.
La COP26 devrait s’engager pour la production d’hydrogène décarboné
L’hydrogène est un vecteur énergétique polyvalent. Il est utilisé comme combustible pour produire de l’énergie et comme matière première dans l’industrie. Avec un potentiel de zéro émission lors de son utilisation, son seul sous-produit est l’eau. De plus, il peut être stocké et transporté sous forme liquide ou gazeuse.
L’hydrogène pourrait devenir une solution clé à de nombreux défis qui doivent être surmontés pour faire de l’objectif « zéro émission de carbone » une réalité. En effet, l’hydrogène a le potentiel de décarboner des secteurs polluants. Ainsi de l’industrie lourde, l’industrie chimique et les transports lourds. Responsables de plus d’un tiers des émissions mondiales de CO2.
Selon Flor Lucia De la Cruz, analyste et chercheuse, l’importance de l’hydrogène dans le futur mix énergétique global est claire. Mais pour qu’il joue un rôle plus important, de nouvelles décisions politiques doivent être prises. Bien que plusieurs annonces aient été faites, un soutien direct plus important à l’hydrogène serait nécessaire. Des décisions politiques en ce sens seront potentiellement annoncées lors de la COP26.
L’hydrogène vert et bleu seront au cœur de la COP26
L’hydrogène bleu requiert un traitement vapeur à haute température (700 °C -1000 °C) pour être extrait à partir du méthane. Cette méthode rejette du CO2 qui peut cependant être capturé directement pendant le procédé. L’hydrogène vert quant à lui est produit par électrolyse. Ce procédé peut être réalisé à partir de sources d’énergie renouvelable, telle que l’énergie solaire.
Les systèmes à hydrogène vert et bleu sont donc privilégiés dans le cadre de la transition énergétique. Le modèle de l’hydrogène bleu est le plus susceptible de s’imposer dans un déploiement à grande échelle. Il semble en effet être moins cher que l’électrolyse pour l’hydrogène vert, très gourmande en énergie.
Réunir les parties prenantes : politiques, investisseurs et acheteurs
La COP26 est importante en raison des engagements et des projets politiques qui sont soumis par toutes les parties avant la conférence. De plus, les négociations qui se déroulent sur deux semaines pendant la conférence ont également leurs importances. Or, certains engagements pourraient être pris à la COP26 qui contribuerait au développement du secteur de l’hydrogène.
Ainsi selon Flor Lucia De la Cruz une feuille de route plus claire concernant l’usage de l’hydrogène pourrait favoriser les investissements entrants. La mise en place de structures tarifaires dans diverses industries pour aider à stimuler la demande et l’investissement serait également bénéfique. Enfin, l’augmentation des prix sur les émissions de CO2 ou de gaz à effet de serre aurait aussi un impact positif.
L’UE a déjà présenté sa stratégie concernant l’hydrogène. Elle vise à faire passer la capacité de 6 GW d’ici à 2024 à 40 GW d’ici à 2030. À mesure que la capacité des électrolyseurs et la chaîne d’approvisionnement augmentent, les coûts de production devraient ainsi diminuer.
Présenter les différentes applications
L’utilisation de l’hydrogène dans l’industrie n’est pas nouvelle. L’hydrogène alimente déjà les bus, les trains et dans une moindre mesure les voitures. Mais il pourrait être exploité plus largement dans l’industrie et le chauffage domestique selon le professeur Mike Stephenson de la Geological Society of London.
L’importance de l’hydrogène croît désormais avec la demande d’électricité qui devient plus importante dans le cadre de la transition énergétique.
De nombreux projets en développement
Des projets de réseaux régionaux d’hydrogène sont déjà en cours. Le projet H21 Leeds City Gate vise par exemple à convertir complètement le réseau de gaz naturel existant dans la ville à l’hydrogène.
Un lot de quatre reformeurs de méthane à vapeur sont installés à proximité de Teeside. Ils produiront l’hydrogène nécessaire, tandis que le CO2 sera capturé et stocké au large sous la mer du Nord. Depuis 1996, le CO2 du champ gazier de Sleipner en mer du Nord est injecté sur 3 km dans la roche sous-jacente. Il a été prouvé qu’il est stocké en toute sécurité par une surveillance à long terme du site.
Le train HydroFlex
À Birmingham, les experts de l’Université ont salué l’annonce faite aujourd’hui par Network Rail. L’entreprise présentera le train HydroFLEX à hydrogène à la COP26. Depuis son premier essai réussi sur la ligne principale en septembre 2020, des travaux sont en cours pour préparer HydroFLEX à fonctionner en tant que train commercial de voyageurs.
« Le projet HydroFLEX a été un exemple fantastique de collaboration entre l’industrie et le milieu universitaire pour accélérer le développement de cette technologie innovante de la recherche à l’introduction sur le marché. », déclare Alex Burrows, directeur de BCRRE.
Forte croissance de la demande attendue
L’hydrogène pourrait représenter à terme 7% de la demande énergétique mondiale d’ici à 2050. Avec 40% de la production mondiale d’hydrogène, la demande est actuellement tirée par la Chine et les États-Unis.
Ceci en raison de l’importance de leurs industries, chimiques et pétrochimiques. La COP26 devrait non seulement mettre en évidence des solutions pour le développement et l’innovation de la technologie de l’hydrogène. Mais aussi, comment elle peut être intégrée plus uniformément au niveau mondial.
Il est probable que toutes les formes d’hydrogène seront initialement nécessaires pour satisfaire la demande. Mais avec le temps, l’hydrogène « propre » (vert et bleu) devrait prendre une part plus importante dans la production. De même, l’hydrogène gris devrait être progressivement dissuadé par les taxes sur le carbone.
Cependant, après le Covid-19, les économies mondiales se redressent doucement avec un sentiment de risque accru. Les négociations à la COP26 ne pourraient ne pas conduire à de nouvelles annonces majeures sur la quantité d’hydrogène à produire.