Près de 5 ans après la signature des Accords de Paris, la France, investigatrice du projet, possède un plan ambitieux pour rentrer dans le cadre de la COP 21. L’objectif mondial est de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C. Concrètement, il faudrait ainsi que les émissions mondiales baissent de 40% à 70% d’ici à 2050. [user_id]
Une large politique énergétique
La loi relative à la transition énergétique, adoptée en août 2015, doit permettre à la France de respecter engagements pris lors de la COP 21. Elle fixe deux objectifs à long terme au niveau de la réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Une réduction de 40% des émissions d’ici 2030 par rapport au niveau de 1900. Et d’ici 2050, une réduction de 75%. Le pays doit donc faire des efforts en matière de mix énergétique. Il doit porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030, pour atteindre les objectifs de la loi. Enfin, la France doit réduire de 50% sa consommation énergétique à l’horizon 2050.
La « Stratégie Nationale Bas Carbone » (SNBC)
Révisée en 2019, la SNBC vise à permettre la transition des secteurs de l’économie vers une économie bas-carbone pour la période 2019-2023. Le but est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Secteurs par secteurs, elle détermine les orientations de la transition. Ainsi, le bâtiment, les transports, l’industrie, la gestion des déchets et l’agriculture devraient être majoritairement ou totalement décarbonés.
Production énergétique et énergies renouvelables
La neutralité carbone est donc l’objectif principal. Pour l’atteindre, la France doit absolument revoir sa production énergétique en l’axant vers les énergies renouvelables. Pour décarboner et diversifier, le mix énergétique est la meilleure solution. Le développement des énergies renouvelables, la sortie du charbon dans la production d’électricité et dans la production de chaleur dès 2022, sont des axes centraux pour rentrer dans le cadre de la COP 21. Pour respecter les 32% de production d’électricité d’énergies renouvelables, la France fait de nombreux efforts. En 2019, les énergies renouvelables ont représenté 23 % de la production électrique nationale.
Énergie éolienne
En France, la puissance éolienne totale raccordée était de 16.998 MW au 30 juin 2020. Toute cette capacité éolienne est terrestre. 383 MW ont été raccordés depuis le début de l’année 2020. En 2019, la production éolienne a été de 34 100 GWh soit 7,2% de la consommation électrique nationale. Le développement de l’éolien se fera en partie par des rénovations de parcs existants arrivant en fin de vie, ce qui permettra d’augmenter l’énergie produite tout en conservant un nombre de mâts identique ou inférieur. Au total, le passage de 15 GW en 2018 à 33,2 GW en 2028 conduira à faire passer le parc éolien de 8 000 mâts fin 2018 à environ 14 500 en 2028, soit une augmentation de 6 500 mâts. L’éolien offshore sera aussi amené à être développé, notamment le long des côtes bretonnes. Aujourd’hui, la France ne compte aucun site éolien en mer en activité. En 2028, le pays espère produire 5,2 GW d’électricité grâce à l’éolien offshore.
Énergie Solaire
Le solaire ne représente lui que 2.2 % de la production électrique en France. La production de l’ensemble du parc photovoltaïque français a atteint 10 GW en 2019. La production solaire devrait atteindre 20,1 GW en 2023, puis entre 35,1 et 44,0 GW en 2028. C’est la plus forte évolution envisagée. Le photovoltaïque au sol devra faire l’objet chaque année de deux appels d’offre représentant 1 GW de capacité installée. Celui-ci sera complété de trois appels d’offre par an pour le photovoltaïque sur bâtiment, à hauteur de 300 MW. Le potentiel de l’énergie solaire est fort en France, du fait de la forte exposition au soleil de certaines régions du pays. Engie estime que l’énergie solaire pourrait atteindre 16% de la production totale d’énergie en 2050.
Énergie hydraulique et hydrogène
L’hydraulique est aujourd’hui la troisième source de production d’électricité en France et la première des énergies renouvelables, avec 2.300 installations hydroélectriques sur le territoire. Quant à lui, l’hydrogène fait l’objet d’une attention particulière. Il représente un formidable espoir pour la production d’énergie verte en France. Le 8 septembre 2020, le gouvernement a présenté la stratégie hydrogène de la France. Dotée d’une enveloppe de 2 milliards d’euros, la stratégie fixe des objectifs pour 2030. Il s’agit de décarboner le secteur industriel et faire émerger une filière française de l’électrolyse avec un objectif de 6,5 GW d’électrolyseurs installés en 2030. Aussi, l’hydrogène sera utile dans le développement des mobilités propres en visant le transport lourd. L’Etat soutient déjà la recherche et l’innovation en faveur de celui-ci.
Composer avec le nucléaire et miser sur les Smart Grids
Aujourd’hui, se passer de l’énergie nucléaire n’est pas envisageable. 70% de la production électrique française est nucléaire. Pour s’en passer, il faut augmenter la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique. Cependant, il existe un moyen de piloter ce mix pour une meilleure gestion de la production et de la consommation d’électricité. Ce moyen, c’est les Smart Grids. Il s’agit améliorer la performance du réseau électrique et d’intégrer au maximum les énergies renouvelables. En France, la mutation des réseaux électriques vers les smart grids est actée depuis plus de cinq ans. La stratégie de la France est particulière. Elle consiste à construire des démonstrateurs de smart grids pour tester différentes options, technologies et logiques en conditions réelles. Ensuite, on choisit le meilleur système en fonction des particularités du territoire. Ce système sera, ensuite, déployé à grande échelle. Cette stratégie s’avère payante, la France est le leader européen de ces systèmes de modernisation des réseaux électriques.
Une R&D qui doit plus s’orienter vers les énergies renouvelables
Même si la France est la deuxième nation du G7 qui a le plus dépenser en R&D dans les énergies en 2019, elle accumule un retard sur ses voisins européens comme l’Allemagne. La R&D française est principalement orientée sur le nucléaire. La filière nucléaire bénéficie de 58% du budget R&D français. Seulement, 30% de ce budget est alloué aux énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. Cependant, la part du nucléaire tend à baisser. La R&D française se concentre désormais sur le développement de la biomasse et des énergies marines renouvelables. Le solaire est également une priorité pour la France, comme pour d’autres pays européens. Enfin, le gouvernement continue de soutenir le développement de l’efficacité énergétique des transports, pour soutenir la transition vers une mobilité durable.
Une aide internationale pour les pays qui auront du mal à atteindre les objectifs
Les financements de la France pour le climat à l’international atteignent 5 milliards d’euros. Ce sont majoritairement des dons et des prêts qui s’inscrivent dans l’aide au développement. La France est activement engagée en Afrique. Elle aide le continent entier à s’équiper en énergies renouvelables. Elle finance la construction du barrage hydroélectrique de Manantali au Mali et aide à l’interconnexion des réseaux énergétiques maliens, sénégalais, mauritaniens et guinéens. Enfin, l’an dernier le pays a fait une contribution d’1 milliard de dollars au Fonds Vert pour le climat. La France montre la voie sur les financements innovants. Par exemple, une part importante de la taxe sur les transactions financières (TTF) est affectée à la lutte pour le climat.
Les efforts de la France sont conséquents. Le respect des Accords de Paris par la France repose sur une politique énergétique ambitieuse. Il repose aussi sur la transition qu’est en train d’effectuer le pays vers la neutralité carbone par le biais d’une politique large en matière d’énergies renouvelables. Si la France respecte les objectifs qu’elle s’est fixée, elle respectera en 2050 le cadre de la COP 21.