Économiser l’électricité ou le gaz dans les commerces, les bureaux ou les usines pour éviter le risque de pénurie d’énergie pendant l’hiver ? Même si rien n’est encore quantifié globalement, les entreprises multiplient les initiatives pour chasser les gaspis petits et gros.
Agro-alimentaire :
Fleury-Michon construit des ombrières photovoltaïques sur les parkings de toutes ses usines.
“Cela fera de l’ombre l’été et nous permettra de produire une partie de notre consommation d’électricité”, indique le groupe qui dit avoir diminué de 30% sa consommation de Kwh par kilo de produit en une dizaine d’années.
Distribution :
Toutes les enseignes de l’alimentaire – Carrefour, Intermarché, système U, Auchan, Casino et Leclerc – se sont engagées à éteindre à compter du 15 octobre leurs enseignes lumineuses à la fermeture des magasins, à réduire l’intensité lumineuse avant l’arrivée du public et abaisser la température ambiante des points de vente d’un degré.
Ces mesures du quotidien représentent 6% d’économie sur la facture énergétique. Leclerc, notamment, a commencé le 12 septembre.
Quand il fera très froid, en cas de pic de la demande énergétique, des mesures exceptionnelles ont été proposées, comme de ramener la température à 17 degrés pendant les heures d’ouverture, ce qui permet un “effacement de 740 MW” soit “une “petite centrale nucléaire”, souligne la fédération technique de la distribution Perifem.
Ce protocole est étendu aux autres commerces. Pour l’instant dans le non-alimentaire, la température à 17 degrés ne passe pas, en raison des cabines d’essayage, mais “si c’est pour deux heures et pour éviter un blackout général lors d’un pic, ça doit pouvoir se réfléchir”, souligne Perifem.
Deuxième initiative lourde, l’installation de portes vitrées sur les linéaires de produits réfrigérés, qui permet de réduire de 25% la facture énergétique. Le processus est encore en cours : 70% des distributeurs sont équipés mais il en reste donc encore 30% qui doivent l’être.
Le coût de l’installation – environ un million d’euros pour un magasin de taille moyenne – fait hésiter ceux qui ne sont pas encore passés à l’acte.
Industrie :
Le spectre de coupures de gaz cet hiver accélère la course aux solutions : récupération de la chaleur, passage à l’éclairage LED ou installation de panneaux solaires.
Ainsi l’usine Toyota de Onnaing a deux projets : la récupération de la chaleur des compresseurs pour chauffer les bains de traitement de surface avant l’application de l’anti-corrosion sur les véhicules et la mise en place de panneaux solaires sur cinq hectares sur les parkings. Une telle mesure permet d’atteindre 10% d’économie d’énergie, a calculé Toyota.
La fonderie d’aluminium de Saint-Jean Industrie (Belleville-en-Beaujolais) récupère la chaleur de ses fours pour chauffer tout un secteur de l’usine. Depuis la fin 2021, le groupe a gagné “entre 10 et 15%” en électricité et gaz, surtout en surveillant en temps réel sa consommation.
Michelin, qui a baissé de 18% sa consommation d’énergie entre 2010 et 2021 poursuit ses efforts cet hiver. Pour économiser le gaz de ses fours à pneumatiques, le groupe développe les renouvelables et en particulier les chaudières biomasse (à Cholet et Bourges), le photovoltaïque (au Puy-en-Velay) et achète de la chaleur biomasse (à Vannes et Clermont-Ferrand).
À Troyes et Bassens, le groupe achète aussi de la chaleur, mais issue de l’incinération de déchets ménagers. Par ailleurs, cet hiver, la température de chauffage des bureaux et des ateliers “n’ira pas au delà de 19 degrés”, et tombera même à 17 degrés dans les ateliers où l’on produit des “efforts physiques”.
Le groupe dispose aussi un plan d’isolation de ses sites tertiaires, installe des leds dans ses ateliers et sur les éclairages extérieurs de son centre de recherche.
Veolia baisse la température de ses locaux et mesure la consommation de chaque dépôt de collecte de déchets et de chaque camion pour identifier les mesures correctives et déployer des formations de conduite économe en fuel.
Transports :
La SNCF, grande consommatrice d’électricité, a intensifié depuis plusieurs mois ses actions en mettant l’accent sur “l’écoconduite”, une technique plus souple de conduite des trains, par exemple en tirant profit des reliefs. Celle-ci permet de réduire jusqu’à 10% la consommation d’énergie “sans réduire (la) vitesse et donc sans pénaliser les voyageurs”, relève le ministère des Transports.
La SNCF fait aussi la chasse au gaspi dans les bâtiments industriels et tertiaires, installe des lampes LED à grande échelle et joue sur l’éclairage et le chauffage des gares.
Mais, la sobriété énergétique, à la SNCF, la RATP et chez d’autres opérateurs de transports, “ce n’est pas un plan pour faire moins de trains, même cet hiver” a assuré le ministre des Transports Clément Beaune, réagissant à des rumeurs sur la suppression de trains pour économiser l’énergie.