L’expansion de la production de charbon en Chine pourrait bouleverser ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Selon une étude de Global Energy Monitor (GEM), l’augmentation de la capacité charbonnière et le développement de nouvelles mines pourraient significativement accroître les émissions de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant. Alors que la Chine se positionne comme le principal émetteur de gaz à effet de serre au monde, sa dépendance au charbon continue de peser lourdement sur ses ambitions climatiques.
Production de Charbon et Risques Élevés d’Émissions de Méthane
En 2023, la production de charbon en Chine a atteint un record de 4,7 milliards de tonnes, soit environ 50 % de la production mondiale. À cela s’ajoute un projet d’augmentation de la capacité de production de 1,2 milliard de tonnes par an. Cette expansion pourrait générer une hausse considérable des émissions de méthane, estimée par GEM à environ 35 millions de tonnes, contre 20 millions selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA). Si les plans de production se concrétisent, ces émissions pourraient encore augmenter de 10 millions de tonnes, exacerbant les défis environnementaux déjà présents.
Les Défis du Contrôle des Émissions de Méthane
Le méthane est un gaz à effet de serre dont la capacité de réchauffement est plus élevée que celle du dioxyde de carbone, même s’il se décompose plus rapidement. En 2023, les émissions de méthane des opérations liées aux combustibles fossiles ont atteint environ 170 milliards de mètres cubes, soit plus que la production annuelle de gaz naturel du Qatar. La Chine, en tant que premier émetteur de méthane dans le secteur du charbon, fait face à des défis de taille pour réduire ces émissions. La complexité du calcul des émissions, exacerbée par les fuites invisibles détectées par satellite, souligne l’ampleur du problème et la nécessité d’une politique proactive pour atténuer ces impacts.
Stratégies Énergétiques et Sécurité d’Approvisionnement
Malgré un développement rapide des capacités en énergies renouvelables, Pékin continue d’investir dans le charbon pour garantir sa sécurité énergétique. Cette stratégie hybride est motivée par des événements récents tels que des sécheresses prolongées qui ont affecté la production hydroélectrique et entraîné des coupures de courant. Parallèlement, la Chine maintient un ensemble de mines « inactives mais opérationnelles », prêtes à être utilisées en cas de besoin urgent d’approvisionnement énergétique.
Progrès et Obstacles dans la Réduction des Émissions
En 2024, les permis pour de nouvelles centrales à charbon ont chuté de 83 %, signalant une possible inflexion de la politique énergétique chinoise. Toutefois, les émissions globales de méthane restent bien au-delà des niveaux requis pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. L’IEA estime que des réductions significatives de méthane dans les opérations liées aux combustibles fossiles peuvent être réalisées à faible coût, voire à coût négatif, si des technologies existantes sont correctement déployées. De nouvelles politiques et initiatives, y compris la coopération sino-américaine sur le méthane, pourraient offrir des solutions à long terme, mais leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre stricte et rapide.