La capture du CO2 pour la récupération assistée du pétrole (CCS-EOR) a été moins favorisée ces dernières années par rapport à la capture pour la séquestration dédiée (CCS-Storage). Cependant, une nouvelle étude de Wood Mackenzie montre que le CCS-EOR pourrait souvent entraîner des émissions nettes plus faibles et mieux soutenir la transition énergétique. Contrairement aux critiques affirmant que le CCS-EOR prolonge la production d’hydrocarbures et aggrave le changement climatique, cette analyse démontre que même dans les scénarios de décarbonation les plus ambitieux, le développement de nouvelles sources de pétrole reste indispensable.
Selon les prévisions de Wood Mackenzie, la demande mondiale en pétrole pourrait atteindre 30 millions de barils par jour d’ici 2050, même dans les scénarios les plus agressifs de réduction des émissions. La série de rapports « Enhanced oil recovery with captured CO2 » de l’entreprise souligne que le CCS-EOR pourrait remplacer presque tous les volumes produits sur le marché mondial, sans impact significatif sur la demande de pétrole et les émissions associées.
Subventions et Économie
Le rapport souligne que subventionner le CCS-EOR à une échelle commerciale inférieure à celle du CCS-Storage, voire du CCU (Carbon Capture and Utilisation), entraînerait une capture globale de CO2 réduite et une décarbonation moindre pour le fardeau économique imposé. Actuellement, les subventions pour le CCS-EOR sont moins élevées au Canada et aux États-Unis, ce qui, paradoxalement, subventionne indirectement d’autres sources d’approvisionnement en pétrole plus émettrices et hors de leur juridiction, affaiblissant ainsi la sécurité énergétique nationale.
Peter Findlay, Directeur de l’économie du CCUS chez Wood Mackenzie, explique que « le CCS-EOR peut offrir une solution pragmatique pour la transition énergétique, réduisant l’empreinte carbone par rapport aux opérations traditionnelles de pétrole et de gaz ». Cependant, cela n’est vrai que si le CO2 utilisé dans les opérations EOR provient de sources anthropiques, telles que les sources industrielles ou la capture directe dans l’air (Direct Air Capture – DAC).
Stratégie Viable pour les Producteurs
Les entreprises qui cherchent à maximiser les rendements des actionnaires, à décarboner leurs portefeuilles et à maintenir l’approvisionnement en période de tensions géopolitiques, pourraient trouver dans le CCS-EOR une solution adaptée. Cette approche permettrait aux producteurs de varier la production entre les puits EOR et non-EOR en fonction des conditions du marché pétrolier et du carbone.
Certaines entreprises, comme Denbury et Occidental Petroleum, explorent la possibilité de pousser le bénéfice de la capture dans la chaîne de valeur du produit pour créer un pétrole net zéro. Cependant, les détails comptables et de délimitation de ce qui est inclus dans le calcul du pétrole net zéro sont essentiels. Actuellement, cette démarche n’est pas encore économiquement viable pour les producteurs sans une augmentation de la demande du marché.
Le rapport conclut que, comme pour de nombreuses autres initiatives de décarbonation, l’expansion du CCS-EOR à une échelle significative nécessite une certaine certitude quant aux futurs schémas de subvention ou aux prix du carbone – un incitatif clair à décarboner. Un prix du carbone imposé favoriserait suffisamment la production de CCS-EOR pour stimuler sa croissance par rapport à d’autres options.